(TIC Mag) – Lors de la première édition des Journées nationales de l’économie numérique au Cameroun (03 au 04 mars 2016) organisée par le ministère camerounais des Postes et Télécommunications, à l’invitation de la ministre Minette Libom li Likeng, Beaugas-Orain Djoyum (photo), le directeur de publication de TIC Mag, a présenté un exposé sur les pistes pour booster l’économie numérique au Cameroun. Il a ainsi proposé dix axes à suivre pour le développement de l’économie numérique au Cameroun.
Résumé de quelques propositions :
-
Déployer des infrastructures numériques dans l’ensemble du pays
Il faut déployer au Cameroun la fibre optique sur l’ensemble du territoire national. Aussi, en l’état actuel des choses seul Camtel, l’opérateur historique, peut installer la fibre optique interurbaine. L’exclusivité que cet opérateur détient en la matière devrait sauter pour permettre aux autres opérateurs de déployer cette infrastructure. Ceci même si Nexttel revendique déjà avoir installé 8 000 Km de fibre optique dans le pays. Pourquoi Nexttel et pas les autres comme MTN, Orange et les différents FAI ? D’autant plus que Camtel n’a pas toujours les moyens nécessaires pour répondre seul aux besoins de tous les Camerounais. De même, les autres opérateurs mobiles devraient déployer et étendre leurs services (voix et sms au minimum) dans les zones reculées du pays pour réduire la fracture numérique géographique. Ils doivent respecter leur cahier de charges en matière de couverture réseau dans l’ensemble du pays.
-
Créer une société nationale d’infrastructures numériques
L’autre solution pour régler le problème de déploiement des infrastructures numériques au Cameroun, c’est de ressusciter le projet SITELCAM enterré depuis 2009. Qu’importe le nom qu’il pourrait porter, il est important d’avoir une société étatique spécialisée dans le déploiement des infrastructures de télécommunications, y compris la fibre optique, au bénéfice de l’ensemble des opérateurs privés et publics sans discrimination. En septembre 2011 dans une enquête, TIC Mag se demandait déjà où était passé la SITELCAM. Cinq ans après, c’est toujours le silence. Un projet pourtant important pour la séparation des métiers de transporteur de celui de fournisseur de services. C’est cette société qui devrait déployer les infrastructures de télécommunications, le réseau national de transport en fibre optique, l’accès satellitaire et les différents points d’échanges. Ce qui restaurera une saine concurrence dans le secteur.
-
Relancer les filières TI en classe de Première et Terminale dans l’ensemble du pays
Autre sujet qui ne saurait être relégué en second plan, la formation. Meilleure arme de lutte contre le chômage et l’obscurantisme. Le développement de l’économie numérique va de pair avec le développement de la cybercriminalité. Les experts en matière de cybersécurité seront donc recherchés. Le Cameroun a initié les classes de Première et Terminale en Technologies de l’information il y a quelques années (en 2011). Mais, à ce jour, les résultats ne sont pas à l’optimum, certains établissements ne disposant pas de centre multimédia. Le projet reste une expérience pilote. Il est nécessaire et important que cette expérience pilote soit généralisée dans tous les établissements scolaires du pays ! Un accent devra être mis pour développer cette filière et doter les établissements scolaires d’ordinateurs et de logiciels adéquats.
-
Des services publics accessibles en ligne
Des avancées sont enregistrées dans certaines administrations publiques, mais il faudrait généraliser la digitalisation des services et la dématérialisation des services. Il n’est par exemple plus normal que des étudiants s’alignent sur des fil d’attente de centaines de mètres pour payer leurs droits universitaires comme on l’a vu l’an dernier à l’Université de Buéa. Mettre ces services publics en ligne et accessibles via ordinateur ou smartphone aura le mérite de faciliter la vie des citoyens, de lutter contre la corruption et de permettre aux gouvernés d’avoir plus confiance aux gouvernants. Aller vers le « Cashless Government » et « Papeless Government » comme le prévoient les pays comme le Rwanda.
-
Mettre en place des incubateurs pour les jeunes
Il faut être à l’écoute des jeunes en permanence. Un plus pour la ministre Minette Libom li Likeng qui a mis en place des séances de vidéo-conférence avec des jeunes des dix régions du Cameroun pour écouter leurs besoins. Parmi ces besoins, l’incubateur qui doit répondre aux attentes et préoccupations des jeunes innovateurs camerounais. Attentes exprimées à la fois par ceux étant encore sur les bancs d’écoles dans les campus et par ceux qui se frottent déjà aux réalités du marché, qui ont des idées innovantes ayant besoin d’être concrétisées, améliorées. L’appui de l’incubateur permettra à toute cette galaxie d’innovateurs d’être des entreprises rentables, créatrices d’emplois et de richesses. Et surtout prévoir des fonds pour accompagner les esprits brillants du numérique.
La suite des dix propositions de TIC Mag d’ans l’exposé.