La cyberguerre se prépare, quid de l’Afrique ?

Elle est lointaine la période où les Etats-Unis, berceau de l’Internet, pouvaient se vanter, et profiter sans s’en inquiéter, des bienfaits de l’Internet. Ce géant a numérisé et connecté la plupart de ses services dans plusieurs domaines d’activité. Certes, cela rend la vie plus facile, mais cela rend aussi les Etats-Unis vulnérables aux attaques des pirates informatiques. Notamment, ceux de la Chine, principal concurrent des Etats-Unis.

 

Une guerre froide est actuellement en cours dans le domaine cybernétique. Les grandes puissances mondiales et les économies émergentes s’inquiètent, s’épient, s’attaquent, se mobilisent et s’arment. Les Etats-Unis d’Amérique ont créé en octobre 2012 au Pentagone une nouvelle unité baptisée Strategic Capabilities Office (STO) pour faire face à la cyberguerre. Cette unité va travailler pour l’acquisition d’armes sophistiquées dans le domaine électronique afin de protéger les intérêts des Etats-Unis et de ses alliés. Placée sous la direction William Roper, qui officiait comme directeur de l’ingénierie à la Missile Defense Agency, le STO va particulièrement s’intéresser à la menace chinoise. Elle fera le travail qu’effectuait la Defense Advanced Research Projects Agency.

Officiellement, d’après la porte parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Melissa Morgan,  la nouvelle Strategic Capabilities Office a été mis en place par AT&L en 2012 pour conduire les analyses et faire face aux menaces émergentes en mettant l’accent sur les architectures innovantes. Mais, elle indique que « les détails spécifiques du travail du STO sont classés ». En clair, secret.

Cette nouvelle unité constitue donc une réponse des Etats-Unis, qui, après les attaques de pirates informatiques chinois du mois d’octobre dernier, veut se préparer. En effet, très récemment, des hackers liés au gouvernement de la Chine ont accédé au réseau informatique employé par le bureau militaire de la Maison Blanche. Un bureau militaire qui gère des centaines de communications les plus sensibles du gouvernement américain, les commandes nucléaires stratégiques, les communications du président américain et les programmes de voyage présidentiel. Un officiel américain a laissé entendre que  c’était une attaque au harpon de phishing (emploi d’emails déguisées pour obtenir des infos confidentielles) contre un réseau non classifié.

L’Afrique réfléchit…

Il y a un an, Barack Obama affirmait que les Etats-Unis étaient en danger. « Les failles de notre cyber-sécurité qui touchent l’administration et nos infrastructures clés constituent des menaces pour notre sécurité nationale, publique et économique », indiquait-il. Le Wall Street Journal avait relevé dans un article que l’administration d’Obama devait désormais considérer les attaques informatiques comme « des actes de guerre ». « Si vous éteignez notre réseau électrique, nous nous réservons le droit d’envoyer un missile sur l’une de vos cheminées », confiait au journal un officiel américain. Sans doute, après l’attaque d’octobre dernier préparent-ils la riposte.

En Afrique, les pays réfléchissent encore sur le cadre législatif commun à mettre en place pour une cybersécurité optimale. Quelques initiatives nationales sont prises. Compte tenu du caractère global des attaques, un cadre législatif harmonisé s’impose. Mais, les pays africains ne doivent pas se limiter au cadre législatif. Ils doivent mettre en place des organes et structures pareils au STO. Car en ce moment, ils sont rares, si non inexistants, les pays africains qui ont la capacité, à travers des structures appropriées, de prévenir, surveiller ou poursuivre les actes de cybercriminels ou de hackers. Ils doivent désormais s’armer. Ceux qui disposent de Centres d’alerte et de répression de cyberattaques doivent aussi s’équiper en armes de pointe. C’est d’une nécessité impérieuse. La cyberguerre s’annonce rude. Et comme le reconnaît l’Union africaine, la vulnérabilité dans le fonctionnement normal des institutions peut compromettre la pérennité et la souveraineté des Etats.

Au moment où les regards sont tous tournés vers l’Afrique et ses richesses et au moment où le continent numérise progressivement ses services, il n’y a pas de doute que bientôt les cybercriminels vont se lancer dans une quête effrénée d’informations capitales. Sur le champ de guerre, quand on n’a pas d’armes, on est facilement vaincu, mais aussi fait prisonnier.

In Perspectives de Réseau Telecom Network N°59

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