La CEA et la GSMA appellent à une restructuration urgente des services de téléphonie mobile pour booster l’e-commerce en Afrique centrale

[Digital Business Africa] – Un nouveau rapport conjoint de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la GSM association (GSMA) rendu public ce 14 décembre 2020 a mis en lumière des mesures pratiques que pourraient adopter des Gouvernements et des acteurs clés du secteur de la téléphonie mobile afin de booster le développement durable de la sous-région grâce au commerce électronique.  

Ce rapport intitulé « Le rôle des services mobiles dans l’autonomisation du commerce électronique en Afrique centrale et implications politiques» a été examiné lors une réunion par visio-conférence, le 14 décembre 2020, par des experts de plusieurs états, du secteur privé, des universitaires, la communauté du développement et la société civile d’Afrique et d’Europe.  

Il encourage les pays d’Afrique Centrale à réorganiser leur environnement des affaires pour faciliter les transactions dans ce secteur, qui pourrait être un moteur de croissance économique inclusive. 

Les obstacles à l’établissement d’un environnement des affaires sont entre autres : les défis logistiques tels que le mauvais traçage et répertoriage des rues ainsi que des systèmes de distribution de courrier peu adaptés. 

Il existe également des défis économiques relatifs à la paperasserie préalable à l’ouverture d’un commerce électronique ; des régimes fiscaux complexes, des déficiences du système de dédouanement, l’interopérabilité limitée des systèmes de paiements, ainsi que leur intégration à la téléphonie mobile. 

Parmi les difficultés liées à l’accès et au coût, on peut citer la surfacturation et la connexion internet instable, le faible taux de pénétration des cartes de crédit et de débit et la restriction poussée de leur utilisation par les banques commerciales, les coûts élevés des smartphones et services associés, les faibles niveaux de culture numérique au sein de la population et un accès limité aux solutions de banque et de commerce électroniques. 

En dépit de ces défis, le rapport souligne que la région Afrique Centrale a fait de nombreux progrès en vue du développement et de l’utilisation de solution mobiles qui sous-tendent le commerce électronique.   

Par exemple, le taux d’abonnement dans la sous-région de la CEEAC est passé de seulement 18% au début de la dernière décennie à 42% (soit un total de 42 millions de personnes) d’ici la fin de 2019, et devrait atteindre 46% d’ici 2025.   

Il est attendu que ce taux de pénétration double d’ici à 2025 lorsque 90% de personnes dans la sous-région seront connectées par internet mobile, ouvrant de nouvelles perspectives à l’essor du social et du commerce électronique principalement grâce à une interaction entre les plateformes de médias sociaux, en particulier Facebook (qui comptait 11,4 millions d’utilisateurs actifs de la sous-région de la CEEAC en janvier 2020) et l’utilisation de l’argent mobile.  

Grâce à ces interactions, 48 millions de comptes enregistrés ont effectué 1,8 milliard de transactions sur les 17 plateformes d’de paiement électronique de la sous-région en 2019. Ces transactions ont totalisé 30,4 milliards de dollars des EU — l’équivalent d’environ 16 milliards de francs CFA.  

La sous-région a donc talonné l’Afrique de l’est qui a enregistré des transactions de paiement électronique d’une valeur de 293,4 milliards de dollars et l’Afrique de l’ouest qui a réalisé 130 milliards de dollars de transactions de paiement électronique.  Mais était loin devant l’Afrique australe qui ne représentait que 2,5 milliards de dollars des EU d’opérations d’argent mobile.  

Ces chiffres augmenteraient de façon exponentielle et généreraient des avantages dans tous les secteurs économiques si les problèmes de démarrage identifiés jusqu’à présent étaient traités de manière globale par les gouvernements, le secteur privé — en particulier les entreprises de téléphonie mobile, travaillant en synergie comme le conseille le rapport. 

Premièrement, il appelle les gouvernements à améliorer l’inclusion numérique et financière en formulant et en mettant en œuvre des politiques qui renforcent l’infrastructure mobile et l’accessibilité des services mobiles, telles que la réduction ou l’optimisation des taxes sectorielles, rendant le spectre des télécommunications plus disponible et abordable pour les entreprises et supervisant l’amélioration de l’interopérabilité des systèmes de paiement locaux et mondiaux aux côtés des opérateurs de services mobiles et bancaires.  

Les gouvernements sont également invités à promulguer des lois sur la protection des données qui offrent une protection efficace aux individus afin de renforcer la confiance globale des citoyens dans le commerce électronique et les autres services numériques. 

Pour corriger les problèmes liés au climat général des affaires, il est conseillé aux États de créer un climat de certitude pour les entreprises et d’éviter les coupures d’internet induites par des politiques. Ils sont en outre appelés à mettre en œuvre toutes les clauses des protocoles établissant la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), telles que la rationalisation des procédures de dédouanement, notamment : des accords sur un poste frontière (qui unifient les systèmes et processus douaniers de deux pays) et l’institution de passerelles de soumission électronique pour le dédouanement.  Toujours dans cette équation, note le rapport, les gouvernements devraient offrir des incitations fiscales aux petites entreprises et aux start-ups du commerce électronique, plutôt que les traiter de la même manière que les entreprises établies. 

Pour faire fonctionner la collaboration des parties prenantes, les différents acteurs (gouvernements, opérateurs de téléphonie mobile, communauté du développement, acteurs du secteur privé et société civile) sont invités à approfondir la collaboration pour : lutter contre l’exclusion numérique, accroître la sensibilisation et la confiance des consommateurs envers les services numériques, renforcer la sécurité des transactions électroniques, développer collectivement les infrastructures matérielles et immatérielles pour la pénétration mobile et le commerce électronique, et combler les pénuries de compétences et de financement pour les entreprises de commerce électronique dans la sous-région. 

 «Ce rapport est très important car il dévoile les avantages critiques du mobile fonctionnel et d’un écosystème de commerce électronique pour le développement durable dans notre sous-région, en particulier dans le contexte d’une meilleure construction à partir des fléaux du COVID-19», a déclaré Antonio Pedro, directeur du Bureau Afrique de la CEA. 

«Grâce à la technologie mobile, nous nous dirigeons de plus en plus vers la dernière étape de l’inclusion numérique dans les zones urbaines, suburbaines et rurales, ce qui permet aux citoyens de se connecter directement aux fournisseurs de services modernes et producteurs de biens de manière rapide, leur permettant d’éviter certains des défis spécifiques aux infrastructure physiques liés à la sous-région », a-t-il ajouté. 

Akinwale Goodluck, chef de la direction Afrique subsaharienne de la GSMA, a décrit la synergie entre son institution et la CEA lors de la production du «rapport solide et factuel» comme étant «merveilleuse et productive», affirmant que cela contribuerait grandement à améliorer l’économie numérique États africains, tout en exhortant les décideurs et les industries associées à adopter ses recommandations.  

Par DBA, avec la CEA

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