(TIC Mag) – La quatrième édition de l’IT Forum Cameroun s’est tenue à Yaoundé à l’hôtel Mont Fébé le 22 juin 2017 sous le thème: « Le facteur humain dans la réussite d’une transformation digitale d’entreprise et Cybersécurité : Enjeux pour le Cameroun ». Occasion pour les panélistes de proposer des solutions pour la formation des Camerounais dans les métiers du numérique et de la cybersécurité.
Parmi les intervenants, Armand Claude Abanda, le représentent résidant de l’IAI au Cameroun. Il a révélé avoir proposé au gouvernement le projet de formation de 1 000 “maintenanciers” par an. « A l’Avenue Kennedy, il y a une fourmilière de jeunes qui réparent des téléphones. Tout comme une fourmilière de petits bandits. C’est un endroit réputé pour la réparation des téléphones portables. Même ceux qui vivent à Nkolbisson, à des dizaines de kilomètres de l’Avenue Kennedy, s’y rendent pour la réparation de leurs téléphones. Et je vous assure, quel que soit votre problème, ils le réparent. Et ils n’ont aucune formation formelle. Ils ont essayé de se former dans le tas, par l’observation. Malheureusement, lorsque vous y allez, vous êtes également confronté aux problèmes de sécurité », raconte Armand Claude Abanda.
Pour multiplier ce genre de réparateurs de smartphones à Yaoundé et dans le pays, Armand Claude Abanda indique avoir proposé ce projet de « formation de 1 000 maintenanciers par an ». Comment cela va-t-il se passer ? Ses explications : « Vous avez des jeunes qui vont dans une école avec internat durant trois mois. Ils sont formés en réparation d’outils électroniques. Ils ne sont ni ingénieurs, ni bacheliers. Du matin au soir, ils ne font que la réparation. Ils ont des salles de jeu pour se divertir de temps en temps. Ils seront des personnes à mesure de dépanner des téléphones portables, des ordinateurs, des imprimantes, etc. A côté de cette formation, on ajoute une autre sur l’initiation à l’entreprenariat et à la citoyenneté. Pour la citoyenneté, nous avons signé un partenariat avec le ministère de la Jeunesse pour que leurs experts assurent cette partie de formation et pour l’initiation à l’entreprenariat, nous avons signé un partenariat avec l’Agence nationale des PME. »
Le représentant résident de l’IAI au Cameroun est convaincu qu’avec ce projet, dans tous les quartiers, des ateliers de réparation de téléphones et outils électroniques vont émerger. Ainsi, les Yaoundéens n’auront plus seulement besoin de se rendre à l’Avenue Kennedy pour la réparation de leurs téléphones.
Qui t’a envoyé ?
Petite anecdote d’Armand Claude Abanda : « Comme Pierre Pom (ATOS, ndlr) l’a indiqué tout à l’heure, j’ai vu circulé sur les réseaux sociaux un message qui indique qu’aux Etats-Unis, on vous demande ”qu’est-ce que vous savez faire ?’ En France on vous demande ”qu’est-ce que vous avez comme diplôme ?” et au Cameroun, on vous demande ”qui t’a envoyé ?” C’est une affirmation qui parle et qui doit nous parler. Le ’’qui t’a envoyé ?’’ relève d’une habitude qui est devenue quasiment automatique. On a l’impression que dès que l’on voit un jeune, c’est parce que c’est quelqu’un qui l’envoie, c’est quelqu’un qui a un parapluie. On a quasiment oublié que les gens doivent trouver leur chemin par leur cerveau. D’autant plus que nous sommes à l’ère du numérique et j’ai toujours dit qu’avec la révolution industrielle, nous étions toujours largués. Avec la révolution technologique, il suffit juste de deux choses : un cerveau et un ordinateur et nous sommes à égalité avec qui que ce soit. La révolution numérique est une chance pour nous de donner la capacité à nos jeunes compatriotes de maîtriser les méandres de cette technologie. (…)
A partir de la maîtrise de la programmation, nous pouvons réaliser plusieurs choses. C’est pourquoi je dis toujours à mes étudiants qu’il est très important que chaque fois que vous vous couchez le soir, vous faites le listing de tout ce qui peut être utile à l’homme. Ensuite, se demander qu’est-ce qui est automatisable et enfin qu’est-ce que je peux faire parmi ce qui est automatisable pour que le quotidien de votre entourage. C’est ainsi que vous pouvez créer des applications qui peuvent vous rendre milliardaire ».
D’où l’importance de la formation en programmation. « Il y a beaucoup d’ingénieurs qui sont dans les bureaux qui ne font rien. Ils sont dans des bureaux pour signer des courriers. Parfois ils mettent au bas de leur signature, ingénieur hors échelon. Il faut sortir de ce type d’idéologie. C’est cela qui nous enfonce », conclût-il.
D’après Mohamadou Diallo, le directeur de publication de Cio Mag, organisateur de l’IT Forum Cameroun, c’est la première fois, après près de 10 années d’organisation de conférences que le thème sur le facteur humain est mis en exergue. Il se félicite de la qualité des intervenants et des discussions et donne rendez-vous à l’année 2018 pour la prochaine édition, tout en invitant les Camerounais à participer au prochain Africa IT Expo qui se tiendra prochainement au Maroc.
Par TIC Mag