[Digital Business Africa] – La trentaine à peine sonnée, Alvine Flore Choupo est la locomotive de deux initiatives inédites en Afrique : Vu Sur et AfriRelay qui sont à la fois des sociétés et des plateformes d’échanges commerciaux entre l’Afrique et le reste du monde. Elles ont respectivement été lancées en 2015 et en 2017.
« Je suis très attachée au e-commerce en Afrique et je pense que c’est un secteur qui a de l’avenir.» C’est ainsi que la jeune entrepreneure traduisait son optimisme relativement à un secteur qui n’est que très peu développé en Afrique à nos confrères de investiraucameroun.com. Partie de Yaoundé pour étudier en Europe, Alvine a décroché tour à tour un diplôme d’ingénieur financier et un MBA en France, puis en Angleterre.
Entre les deux certifications, elle a passé quatre années dans une banque en France. Après une brillante carrière à ‘’quant’’, elle retourne dans son Cameroun natal pour y développer ce dont elle est devenue une pionnière : le commerce en ligne. Vu Sur naît alors en juillet 2015.
Un coup de maître
« Vu Sur, c’est mon premier bébé, qui aujourd’hui est très apprécié et utilisé des Camerounais », lance Alvine tel une mère qui parle, tout émue, de son premier enfant qu’elle voit grandir chaque jour. Cette plateforme est « un facilitateur d’achats sur les sites internet étrangers pour les personnes vivant au Cameroun et en Afrique», poursuit-elle.
VuSur permet en effet aux Africains et singulièrement au Camerounais de faire des achats sur les sites marchands du monde entier, quels que soient leurs moyens de payement. L’utilisateur effectue alors son achat devant son ordinateur, sa tablette ou son smartphone comme s’il était dans l’une des boutiques d’Amazone, de Zalando, d’AliBaba, d’Ebay ou de H&M entre autres.
Au succès de cette plateforme intermédiaire et compte tenu des difficultés de livraison auxquelles font face les clients des plateformes marchandes, la battante Alvine a créé AfriRelay deux années seulement après la naissance de son « premier bébé ». «J’ai compris qu’il était important de venir à bout des problèmes de livraison auxquels sont confrontés les entreprises de e-commerce en Afrique, poursuit-elle. J’ai donc créé AfriRelay, un réseau de proximité, qui permet aux particuliers de récupérer leurs colis dans des points relais. » Le parcours entrepreneurial de la diplômée de l’INSEAD Business School n’a cependant pas été un long fleuve tranquille.
Stratège en gestion des ressources humaines
L’entreprise d’Alvine Flore a fait face à de nombreuses difficultés comme la plupart des jeunes startups africaines. Au premier rang de ces écueils, elle place l’insuffisance de qualification de la ressource humaine sur le continent. « Il est évident que l’un des premiers problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant qu’entrepreneurs en Afrique est celui des ressources humaines. En effet, il est difficile de trouver des jeunes ayant une formation adéquate et une bonne connaissance du monde de l’entreprise », rappelle–elle.
Loin de se décourager, l’infatigable fille de Balengou, dans les hautes terres de l’Ouest Cameroun, a su trouver des stratégies dignes de « l’analyste quantitatif » qu’elle a été avant de se lancer dans son aventure autonome. Elle a réussi à construire une équipe de jeunes dynamiques en misant sur le potentiel de chacun de ses collaborateurs. «J’ai décidé d’adopter un leadership humain, précise-t-elle, c’est-à-dire axé sur mes collaborateurs et leur permettant de monter très vite en compétences. J’embauche des jeunes personnes avec un potentiel qu’ils ne soupçonnent pas eux-mêmes et je leur donne des responsabilités qui leur permettent de mieux se découvrir et de se réaliser», explique-t-elle. Dans le souci de faire valoir cette multitude de talents dont regorge son pays, la trentenaire a lancé vusur-market.com en juillet 2018. Cet autre site de commerce promeut des produits entièrement fabriqués au Cameroun et par des Camerounais.
Une femme bienveillante
Le sourire que la chef d’entreprise affiche en permanence est le reflet de la grandeur de son cœur. Après l’accident ferroviaire survenu à Eséka dans la région du Centre au Cameroun le 21 octobre 2016, elle a lancé une levée de fonds pour venir en aide aux rescapés de cette catastrophe.
À travers l’association TENDEMS, elle a pu récolter plus de 4084 euros soit environ 2.679.495 FCFA comme elle l’a annoncé sur sa page Facebook. Les fruits de cet élan de solidarité ont été distribués à l’hôpital central et au Centre des Urgences de Yaoundé (CUY) sous la forme d’équipements médicaux pour la prise en charge des victimes de cet accident. Celles-ci ont par ailleurs bénéficié de kits et des trousses de toilette individualisés.
Par Alain Brice Talla Defo (Stg)