[Digital Business Africa] – En marge du lancement de la plateforme de fact checking stopintox.cm, sa promotrice, Annie Payep-Nlepe, revient sur le contexte qui a précédé sa création, ainsi que ses objectifs pour l’avenir.
Digital Business Africa : Vous avez officiellement lancé le 3 juin 2019 la plateforme de fact checking stopintox.cm. Pourquoi une telle initiative ?
Annie Payep-Nlepe : Nous sommes partis du constat que la propagation des fausses nouvelles devient vraiment alarmante dans notre contexte. Sous d’autres cieux, on a essayé de légiférer sur les réseaux sociaux et le web 2.0. Ensuite, les grands groupes de médias ont pris leurs responsabilités en mettant sur pied des services de fact checking assez efficaces. C’est le cas par exemple en France où même si cela n’a pas mis fin à l’intox, elle a au moins donné une opportunité aux internautes de pouvoir retrouver la vérité sur des informations, ou même checker pour eux la véracité d’une information qui leur serait parvenue. C’est cela qui nous manque en fait. Nous sommes dans un environnement où l’initiative est embryonnaire. Du coup, chacun fait comme il veut, et le fake news va à une vitesse alarmante.
Le Cameroun n’est pas le seul pays menacé par la propagation de ces fausses nouvelles. Mais, le fait de ne pas avoir de lois qui légifèrent de manière précise sur les réseaux sociaux donne l’impression aux internautes qu’ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Un problème qui est encore plus aggravé par l’absence de spécialisation dans le fact checking. Nous donc, les journalistes qui avons pris l’initiative de mettre sur pied cette plateforme avons ainsi voulu apporter notre part de contribution. Nous offrons une interface vers laquelle les internautes pourront se tourner en cas de questionnement, besoin de vérification, ou même à la recherche d’un approfondissement sur une déclaration de personnalité politique ou économique. Nous allons essayer de faire de notre mieux.
Digital Business Africa : Est-ce que l’initiative stopintox ne se limitera qu’au Cameroun ?
Annie Payep-Nlepe : Le projet stopintox ne se limitera pas au seul Cameroun. C’est vrai que pour un début, nous concentrons notre énergie sur le Cameroun, qui n’est en fait que notre base de lancement. Il s’agit pour nous de baliser notre chemin, de se faire un nom au niveau national, avant de se lancer ensuite à la quête de la toile africaine surtout en Afrique francophone. Cependant, dès maintenant, il n’est pas exclu que nous réalisons des vérifications sur une actualité d’envergure africaine. Il est important de préciser que stopintox a vocation d’être une plateforme de référence de fact checking en Afrique francophone.
Digital Business Africa : Si l’ambition est impressionnante, il n’en demeure pas moins que le travail de vérification ne sera pas aisé dans un environnement africain très peu fourni en données…
Annie Payep-Nlepe : En effet, la principale difficulté va résider au niveau des données. En Occident, il y a cette politique de mise à disposition des données. Ce qui n’est pas le cas chez nous. Ce qui sera notre principal challenge, parce que l’accès aux sources d’information n’est pas déjà évident pour la presse traditionnelle. L’accès aux données pour un service de fact checking sera donc certainement bien plus compliquée. Mais cela ne nous décourage pas. Dans la vie quotidienne, le fake news est quelque chose qui se démonte assez facilement. Il suffit dans certains cas d’un simple coup de fil ou encore en se rendant sur les lieux, mais les gens se contentent de propager ce qui n’est pas vrai. Donc nous allons simplement faire notre travail de journaliste, c’est-à-dire envoyer la bonne information aux internautes.
Propos recueillis par Jephté TCHEMEDIE