Benjamin Gérard Assouzo’o : « CREOLINK joue encore à cache-cache avec CAMTEL »

(TIC Mag) – Le directeur Marketing et Communication de Camtel, l’opérateur historique des télécommunications du Cameroun, explique à TIC Mag les contours de l’opération de recouvrement lancé il y a quelques jours. D’après lui, certains Internet Service Providers (ISP) comme Creolink, croyant pouvoir se débiner des 3,4 milliards de F.Cfa de dette vis-à-vis de Camtel, ne jouent pas franc jeu. Evidemment, il donne également les raisons de la suspension des services voix et data dans les administrations publiques insolvables. Certaines sources font état de ce que le Premier ministre, Philemon Yang, a demandé à Camtel de rétablir les administrations suspendues. Ce qui a été fait. Les précisions de Camtel sur l’opération en cours.

TIC Mag : La Cameroon Telecommunications (Camtel) a suspendu le 26 septembre 2016 des lignes téléphoniques dans plusieurs administrations publiques à qui il réclame une dette estimée à 65 milliards de Fcfa. Pourquoi êtes-vous parvenu à cette décision extrême ?

Benjamin Gérard Assouzo’o : De quelle décision extrême parlez-vous ? C’est un mécanisme à notre humble avis normal entre un client et son fournisseur de services. Surtout lorsque toutes les voies de concertation sont épuisées et qu’on n’a plus d’interlocuteur avec qui s’entendre sur les modalités de paiement ou de différé de paiement.  En suspendant les services voix et data, nous n’avions aucun autre objectif que de savoir pourquoi on n’est pas payé et comment cela devra se faire. Eh bien, nous continuons de servir sans relâche avec l’assurance que nous avons été compris par tous.

TIC Mag : Quelles sont les administrations publiques qui ont été suspendues ?

BGA : Toutes les administrations ont été suspendues et déjà rétablies, en dehors des institutions de souveraineté.

TIC Mag : Ce qui veut dire que certaines administrations ont déjà été rétablies ?

BGA : Tout le monde est rétabli.

TIC Mag : Le ministère des Postes et Télécommunications (c’est la tutelle de Camtel, ndlr) avait-il également été suspendu ?

BGA : Oui !

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Camtel travaille pour que l’Etat du Cameroun se dote de toutes les suffisances en matière de TIC et du Service universel des télécommunications. Loin de nous donc une autre idée, que de rappeler, peut-être avec insistance, que chacun doit jouer sa partition et son rôle à fond pour satisfaire l’opinion, les partenaires et les orientations stratégiques de notre pays.Benjamin Gérard Assouzo'o

TIC Mag : Quand vous parlez « d’institutions de souveraineté », à quelles administrations faites-vous allusion ?

BGA : A la Présidence de la République, au ministère de la Défense, à la DGRE (Direction générale de la recherche extérieure, ndlr), à la DGSN (Délégation générale à la sûreté nationale, ndlr) et d’autres dans ce sillage.

TIC Mag : Comment s’effectuent les paiements des factures des services de télécommunications de Camtel auprès des départements ministériels, sont-ce les ministères eux-mêmes qui règlent leurs factures ou alors c’est le ministère des Finances qui paye la facture de tous les départements ministériels ?

BGA : Lorsqu’on a un client aussi important que l’Etat, on s’en tient au modèle de gestion qui prime dans ses mécanismes réglementaires. Aussi, n’avons-nous pas trouvé nécessaire de chercher à imposer un axe unique de paiement de nos factures. La coutume est que le ministère des Finances paye les consommations de l’Etat dans le sacro-saint principe de l’unicité des caisses.

TIC Mag : Mais en 2014, une compensation des dettes croisées entre l’Etat du Cameroun et Camtel avait été effectuée. Et il y a quelques jours, vous indiquiez que l’Etat n’avait pas tenu ses engagements. « Le ministère des Finances devait nous donner 15 milliards après cette compensation de dette. Camtel n’a jamais reçu cet argent jusqu’à ce jour », dites-vous. Quel est le discours qu’on vous tient aujourd’hui au ministère des Finances ?

BGA : Si nous en avions un, nous ne nous serions jamais permis de poser un acte dont nous savons pouvoir être l’objet de toutes les interprétations et des insinuations.  Car, derrière la suspension que vous évoquez, il n’y a aucune intention soit de nuire à qui que ce soit ou alors de jouer les dangereux contre une entité à laquelle on appartient. Camtel est une entreprise qui appartient à l’Etat, à 100% de ses capitaux. A ce titre, Camtel travaille pour que l’Etat du Cameroun se dote de toutes les suffisances en matière de TIC et du Service universel des télécommunications. Loin de nous donc une autre idée, que de rappeler, peut-être avec insistance, que chacun doit jouer sa partition et son rôle à fond pour satisfaire l’opinion, les partenaires et les orientations stratégiques de notre pays.

TIC Mag : Depuis cette suspension, comment ces départements ministériels réagissent-ils ?

BGA : Aucun texte officiel donnant la position ou les réactions de ces entités ne nous est parvenu. Nous n’avons donc pas de réactions à propos.

TIC Mag : A ce jour, quel bilan faites-vous de l’opération de recouvrement lancée par Camtel ?

BGA : C’est un bilan somme toute positif que nous pouvons dresser, rendu au cinquième jour de cette opération. Nous sommes convaincus que la confiance revient entre la Cameroon Telecommunications et ses principaux clients. Il y en a qui jouent encore à cache-cache comme l’ISP CREOLINK, croyant pouvoir se débiner des trois milliards quatre cent millions de dette vis-à-vis de Camtel, en allant connecter ses équipements à MTN. Il y en a aussi comme la SOPECAM qui pense devoir engager la diversion en faisant croire que c’est plutôt Camtel qui leur est redevable. C’est donc, qu’au lieu de nous renvoyer à leurs volumineux registres ne représentant qu’un livre journal dont on maîtrise à peine le sérieux des contenus et qui serait le reflet des dettes que nous aurions en vers eux, ils feraient mieux de dire le nombre de réunions que nous avons tenues et celles qui ont avortées comme ce vendredi 30 septembre 2016, pour signifier ce que Camtel a entrepris pour les amener à la raison.

Dans l’ensemble, nous dressons un bilan fortement encourageant de cette opération. C’est même à se demander pourquoi avoir perdu du temps à discuter et à chercher à comprendre. C’est nous qui nous faisons mieux comprendre désormais.  Et c’est tant mieux pour nos efforts et ceux du gouvernement de la République, dans le redressement de cette très importante entreprise du portefeuille de l’Etat.

Propos recueillis par Beaugas Orain DJOYUM

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