(TIC Mag) – Les gouverneurs des dix régions du Cameroun sont réunis à Yaoundé durant trois jours pour leur traditionnelle conférence semestrielle où l’on parlera de l’apport des TIC dans la protection du territoire national. Invitée à cette rencontre, la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, leur a présenté ce 25 juillet 2017 un exposé sur les défis qui se posent aujourd’hui aux Etats souverains pour la protection de leur cyberespace national.
Pour mieux faire comprendre aux gouverneurs l’importance de cette problématique, la ministre a tout d’abord exposé les menaces et conséquences de la cybercriminalité au Cameroun et a insisté sur le fait que le principal défi auquel sont confrontés les États souverains « est celui de la conquête de la souveraineté de leur cyberespace national, longtemps resté libre et sans frontière ».
Parmi ces conséquences, la ministre cite une étude de l’ANTIC, l’agence nationale des Technologies de l’information et de la Communication, qui rapporte qu’au niveau des sites web institutionnels par exemple, depuis 2013, 12 800 vulnérabilités ont été détectées ainsi que 28 attaques “Web defacement” (il s’agit de modifications non autorisées de la page d’accueil d’un site web) recensés. Aussi, l’ANTIC évalue à près de quatre milliards de F.CFA les pertes dues au scamming (escroquerie financière sur Internet) et près de 3,7 milliards F.CFA les pertes dues à la fraude à la carte bancaire.
Sur les réseaux sociaux, indique la ministre, plus de 200 cas d’usurpation de profils Facebook et de cyberchantage sont enregistrés et de millions de fausses informations sont diffusées en masse sur Internet. Profitant de la possibilité de l’anonymat, « les esprits malveillants utilisent l’Internet et les réseaux sociaux à des fins de propagande, d’escroquerie ou de terrorisme », rappelle la ministre.
Par ailleurs, Minette Libom Li Likeng ne manque pas d’insister sur les centaines de millions de F.CFA de pertes dues à des intrusions dans les systèmes d’information de certaines compagnies et les milliards de F.CFA perdus à cause de la fraude à la Simbox.
Deux laboratoires de cybersécurité à la PJ
Pour limiter tous ces dégâts, le Cameroun a pris quelques mesures de prévention. En plus du cadre réglementaire et institutionnel mis sur pied, des actions précises ont été menées. Parmi ces actions, Minette Libom Li Likeng cite la mise en place de deux laboratoires de cybersécurité à la Direction de la police judiciaire de la Délégation générale à la sûreté nationale et à l’Ecole nationale supérieure polytechnique, chargés de l’investigation numérique ; la mise en place des réseaux de surveillance et de vidéosurveillance du territoire camerounais au sein des administrations compétentes chargées de la sécurité publique ; une campagne d’identification des abonnés des réseaux téléphoniques commencée en 2016, mais qui sera renforcée dans les prochains mois, par la mise en place d’une plateforme numérique d’identification des abonnés et de monitoring du trafic des communications électroniques. Grâce à cette plateforme, apprend-on, le gouvernement disposera d’un outil lui permettant de maîtriser l’identité de tous les utilisateurs des réseaux téléphoniques et ainsi, de lutter efficacement contre la cybercriminalité.
Autre action réalisée, la veille sécuritaire avec notamment, le monitoring en temps réel des infrastructures sensibles, l’émission de bulletins et d’alertes de sécurité, l’élaboration des référentiels de sécurité, l’audit des systèmes d’information des administrations publiques ou encore la sensibilisation et la formation de tous aux bonnes pratiques sécuritaires, entre autres.
Mais, ces actions ne sont pas suffisantes, car la ministre reconnaît qu’il faut renforcer l’efficacité du Cyber Incidence Response Team (CIRT) de l’ANTIC, afin de disposer d’une structure efficace en matière de réponse d’urgence aux incidents de sécurité de l’information ou encore développer les contenus locaux et promouvoir l’usage du « .cm ».
L’action du gouvernement en matière de lutte contre la cybercriminalité vise, d’après la ministre, à limiter l’intensité et l’ampleur des dégâts induits, à se prémunir contre les menaces potentielles par des mesures de protection et de prévention appropriées et à pouvoir réagir aux incidents au travers de mesures permettant d’assurer la gestion de la crise, la continuité, la reprise des activités ou encore des poursuites pénales si nécessaire.
« Il apparaît donc important, voire impératif dans une démarche de synergie avec tous les acteurs compétents, de renforcer la sécurité de notre cyberespace pour tirer le meilleur parti des nombreux avantages qu’offre l’économie numérique », conclût Minette Libom Li Likeng.