(TIC Mag) – Dans un Sms diffusé à ses clients, la filiale camerounaise du français Orange a annoncé le 31 juillet 2017 une modification de la grille tarifaire de son service Orange Money : « Cher client, à partir du 1er Aout 2017, les tarifs Orange Money évoluent, mais restent inégalés. Orange vous remercie de votre fidélité », pouvait-on lire. Pratiquement, cette « évolution » est en réalité une augmentation de ses tarifs jusque là pratiqués. L’opérateur a effet redécoupé la tranche des montants et introduit des frais à l’envoi, y compris vers des clients Orange.
Dans la précédente grille, on avait par exemple la tranche allant de 100 à 5 000 F Cfa dont le dépôt dans son compte était gratuit tout comme le transfert vers un client Orange Money. Les frais de retrait pour un client Orange étaient de 100 F. Par contre, l’envoi vers un client non Orange coûtait 200 F Cfa et ce dernier n’avait plus de frais à payer au retrait.
Ancienne tarification
Cependant, la nouvelle tarification a introduit la tranche de montants allant de 500 à 3 000 Fcfa. En d’autres termes, il ne sera plus possible de faire des opérations pour un montant inférieur à 500 F Cfa. En plus, l’envoi vers un client Orange Money est désormais facturé à 50 F Cfa, tandis que le retrait est de 100 F Cfa.
Nouvelle tarification
Pour ce qui est de l’envoi à un client non Orange Money, il reste à 200 F Cfa et le retrait gratuit. Pour les montants compris entre 5 001 et 10 000F Cfa, les frais d’envoi vers un client Orange Money sont de 50 F Cfa, tandis que le retrait monte à 150 F Cfa. Aussi, sur la tranche allant de 10 001 à 25 000 F Cfa, les frais d’envoi pour clients Orange Money sont maintenant de 100 F Cfa, tandis que le retrait passe à 400 F Cfa. Pour les clients non Orange Money, l’envoie est ré-évalué à 500 F Cfa.
Les abonnés s’insurgent
Il n’en faudra pas plus pour faire réagir les clients sur les réseaux sociaux. De nombreux camerounais dénoncent la mauvaise communication autour de cette hausse de tarifs : « Le message d’Orange est arrivé à peine huit heures avant l’entrée en vigeur de la nouvelle grille », écrit un internaute sur Facebook qui précise que l’opérateur ment en jouant avec les mots. « Pourquoi disent-ils que c’est une évolution des prix au lieu de dire que c’est une augmentation des prix ? », s’insurge-t-il.
D’autres appellent tout simplement à boycotter le service : « Orange n’a pas pris la peine de justifier cette augmentation, ni de nous dire la plus value qu’ils apportent Alors, moi je fais comme un client qui a le choix : Je ferme mon compte Orange Money immédiatement et je vais voir chez le concurent si j’y suis », lance un autre internaute.
Le président de la Ligue camerounaise des consommateurs, Delor Magellan Kamseu Kamgaing, lui, appelle également au boycott du service de paiement mobile d’Orange Cameroun au profit de celui de la concurrence. Notamment MTN Mobile Money et EU Mobile Money dont le service est actuellement suspendu faute d’accord avec ses partenaires. Aussi, Delor Magellan Kamseu Kamgaing invite les Camerounais à s’intéresser davantage à Express Union. « Après la trahison d’Orange Money, la LCC encourage la réconciliation consommateurs/Express Union. Le consommateur doit être roi », écrit-il sur Facebook.
Plus sévère, Mandela Center, le centre de d’assistance pour les victimes d’injustices sociales, de violation des droits de l’homme et de torture, s’insurge et indique que ce « réajustement injustifié et inopportun » porte atteinte aux libertés fondamentales des consommateurs consacrées par la loi N°2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques et la loi-cadre n°2011/012 du 06 mai 2011 portant protection du consommateur au Cameroun.
Jean Claude Fogno, le Secrétaire exécutif de Mandela Center, qualifie cette augmentation de « pratique quasi-criminelle ». D’après lui, le service de paiement mobile et de transfert d’argent par le mobile fait partie des offres de service des opérateurs mobiles dont la tarification reste très floue et ne profite qu’à une catégorie de citoyens et non à l’ensemble des consommateurs.
Tout en regrettant l’inexistence d’une loi au Cameroun pour encadrer les transferts d’argent via le mobile, Mandela Center exige du gouvernement camerounais « le maintien du statuquo jusqu’à l’adoption et la promulgation d’une loi qui devrait apporter une réponse définitive aux nombreux conflits qui émaillent le secteur du transfert d’argent au Cameroun ».
Mandela Center promet par ailleurs qu’il engagera dans les prochains jours une action devant les juridictions compétentes en vue de la réparation de tout préjudice direct ou indirect à l’intérêt des consommateurs camerounais.
Pour l’instant, en dehors de son SMS laconique, Orange n’a publié aucun communiqué sur ce sujet.
Par Jephté TCHEMEDIE avec ICT Media STRATEGIES