Faisant partie de cette génération de jeunes leaders qui marquent le continent africain et le monde d’après le classement Forbes 2015, Candace Nkoth Bisseck, entrepreneure et coach personnel, est devenue une personne sollicitée du milieu des e-affaires, notamment de l’économie numérique.
Ses débuts professionnels au Cameroun, c’est aux commandes de Jumia Market (autrefois Kaymu), une filiale sœur de Jumia Travel, plateforme panafricaine spécialisée dans le voyage en ligne. Aujourd’hui, grâce à un parcours extraordinaire, madame #WebAfrique (comme elle se fait appeler) fait le tour du continent afin de partager son expérience avec les nombreux jeunes en quête de repères. Conférence à l’ONU, Soirées du leadership avec Jumia Travel ou encore panel au Digital Thursday, Candace a déjà réussi à placer son nom au panthéon du leadership féminin africain. Ses secrets et son univers, elle le partage avec tous, pour une meilleure édification de la jeunesse.
Est-ce qu’on peut avoir une brève présentation de Candace ?
Je suis une jeune femme, passionnée de développement personnel, de voyages et de nouvelles technologies. J’ai la chance avec mes équipes, et ce depuis 2014 de contribuer quotidiennement à l’alphabétisation numérique de milliers de commerçants camerounais. Nous leur avons permis de générer des revenus supplémentaires en vendant au-delà de leur boutique, et au-delà de leur ville, le tout grâce à internet et à l’éducation que nous leur avons apportée. L’action de Kaymu a également permis à des citoyens de plus de 250 localités camerounaises de découvrir le confort du shopping en ligne, depuis leur téléphone ou leur ordinateur, au bureau à domicile ou ailleurs.
Qu’est-ce qui a favorisé la notoriété de Candace au Cameroun dans le domaine du numérique ?
Je pense que mon profil et mon parcours atypiques m’ont permis de me démarquer et d’apporter un regard nouveau sur ce secteur. Mon constant investissement personnel (séances de coaching, séminaires, interventions lors de conférences, etc.) dans le développement des entrepreneurs, des femmes jeunes et dans le numérique ou par le numérique a également contribué à cette notoriété. Enfin, je pense qu’il y a une part incontestable de chance, d’opportunités inattendues comme la couverture de Forbes qui ont permis de mettre ce travail encore plus en lumière et de créer l’intérêt.
L’on constate l’arrivée sans cesse croissante de jeunes plateformes d’e-commerce. Qu’est-ce-qui justifie cela et que leur recommandez-vous ?
Je pense qu’il y a de très belles initiatives, créatives et avec un excellent potentiel qui ont vu le jour au Cameroun, telles que Sappgo.cm ou Vusur.com. Je ne connais pas toutes ces initiatives de l’intérieur, mais j’ai eu la chance d’en évaluer un certain nombre, en qualité de membre du jury un certain nombre de projets similaires. En général, je recommande à leurs promoteurs de se concentrer sur l’essentiel de l’activité et de déléguer les éléments non essentiels qui génèrent de la complexité.
En l’occurrence, il n’est pas nécessaire d’avoir un site internet ou d’effectuer soi-même ses livraisons pour être un e-commerçant, d’autant plus que ce sont des briques complexes et coûteuses quand on souhaite se développer à grande échelle. Je recommande ainsi aux aspirants entrepreneurs de l’e-commerce, et si cela est pertinent pour leur activité, de s’adosser à une marketplace (telle que Jumia Market) pour écouler leurs produits.
Cela permet en effet de faire grandir son business en attendant d’avoir des flux de revenus ou des investisseurs capables de supporter ces coûts technologiques ou logistiques. Je recommande également d’avoir des process et un suivi des indicateurs de performance rigoureux et de rester suffisamment flexibles et réactifs dans la gestion de leur activité pour s’adapter et survivre en cas de changement imprévu.
Quel regard tu portes sur l’e-commerce aujourd’hui au Cameroun ?
L’e-commerce au Cameroun me semble très prometteur, car il permet d’une part aux commerçants de gagner mieux leur vie et aux consommateurs d’avoir plus de confort et de liberté dans leur acte d’achat. Le meilleur reste sans doute à venir.
Est-ce que le web occupe la place qui lui revient aujourd’hui ?
De plus en plus, oui. Il y a néanmoins sans doute encore beaucoup à faire et cela passe par un meilleur accès à Internet et à l’éducation des populations sur ses multiples possibilités, pour la santé, l’accès à l’emploi, le commerce, etc.
On parle de plus en plus d’économie numérique, est-ce le terme approprié pour qualifier la situation du Cameroun ?
On assiste à une véritable émergence de l’économie numérique au Cameroun. L’e-commerce prend une place de plus en plus croissante ; l’écosystème des startups se développe et se structure ; le gouvernement met en place des initiatives comme le village Android. Bien qu’étant à ses balbutiements, il y a bien une économie du numérique qui se met en place.
Certains te considèrent comme une source de motivation. Que peux-tu en dire ?
Je crois que les jeunes et les femmes en particulier ont besoin d’avoir auprès d’eux des personnes qui partagent leurs expériences avec eux pour les guider et dont ils pourront s’inspirer pour se motiver. J’ai eu la chance dans mon ancienne vie professionnelle de coacher des étudiants et jeunes professionnels de divers horizons. Et mon poste me permet de le faire au moins à l’échelle de mon équipe camerounaise. De manière générale, quand mon emploi du temps le permet, si je peux aider des personnes à se rapprocher de leur plein potentiel, je n’hésite pas.
Dans le monde des affaires, l’on se doute bien que tu as (assurément) un modèle qui t’inspire. Qui est-ce ? Pourquoi ?
Ils sont nombreux. Le plus récent qui me vienne à l’esprit est Jack Ma, fondateur d’Alibaba qui inspire par sa persévérance et l’imperfection de son parcours. Néanmoins, aujourd’hui mes sources d’inspiration sont des femmes que j’ai la chance de compter comme amies, qui sont intelligentes, ambitieuses, accomplies, mais également généreuses et humaines. Nous nous tirons mutuellement vers le haut, nous nous encourageons et partageons nos challenges et réussites. Finalement, la meilleure inspiration vient parfois de notre entourage !
S’il fallait te définir un cadre / une carrière en dehors du monde numérique, ce serait lequel ou laquelle ?
Excellente question. S’il fallait absolument rester en dehors du numérique, je serai coach et/ou écrivain. Il se dit que je raconte de belles histoires en général (rires).
Quels conseils donnes-tu tu aux jeunes pour réussir comme toi ?
Tâchez de trouver ce pourquoi vous êtes vraiment fait ou doué(e), faites le ménage dans votre entourage pour ne garder que les personnes qui vous tirent vers le haut, travaillez dur, croyez en vous, et …osez !
Propos recueillis par Simon Mbelek (Correspondance particulière)