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Comment bâtir « un Cameroun numérique » selon Biyiti bi Essam

TIC Mag vous propose en exclusivité des extraits de l’exposé du ministre camerounais des Postes et des Télécommunications, Jean-Pierre Biyiti bi Essam, lors du Conseil de cabinet du 31 juillet 2014. il exposait sur le thème : « Bilan et perspectives de la mise en œuvre des projets de renforcement des infrastructures de télécommunications »

 

« (…) Pour bâtir un Cameroun numérique, le Gouvernement s’est engagé à construire des

points d’atterrissement de câbles sous-marins, en prenant l’option de faire entrer  notre pays dans différents consortia.

Ainsi, le Cameroun a renégocié son partenariat avec le SAT-3 ; le Cameroun a  aussi engagé des négociations pour devenir membre du WACS, d’ACE et du Main One, afin de construire les points d’atterrissement de leurs câbles le long de sa façade maritime,l’objectif à terme étant de porter l’accès aux capacités des câbles sous-marins à hauteur de 3 Tbits/s[1].

Le câble WACS

WACS (West Africa Cable System) se compose de quatre paires de fibres et a une longueur de 14.530 km. Il relie Yzerfontein en Afrique du Sud à Londres au Royaume-Uni. Il dispose de 14 points d’atterrissement, dont 12 le long de la côte occidentale de l’Afrique (y compris le Cap-Vert et les îles Canaries), et 2 en Europe (Portugal et l’Angleterre). Le coût total pour le système de câble est de 650 millions de dollars. Ce câble a une capacité de transmission de 5,2 Tbits/s et utilise des longueurs d’ondes de 40Gb[2].

MTN Cameroon a construit à Limbé, sur la base de l’autorisation à lui accordée  en 2009, une station d’atterrissement du câble sous-marin WACS. Cette autorisation, compte tenu des dispositions de la nouvelle loi régissant les communications électroniques au Cameroun, n’était plus exploitable par MTN Cameroon.

Des négociations ont donc été entamées d’une part, avec le consortium WACS pour l’affiliation du Cameroun au système de câble WACS, et d’autre part, avec MTN Cameroon pour le rachat de la station d’atterrissement de Limbé. Ces négociations viennent tout juste d’aboutir, avec d’une part, le paiement des droits d’adhésion d’un montant de 12 milliards de FCFA au WACS et d’autre part, la signature du contrat de rachat  par le Cameroun de la station d’atterrissement de Limbé, dont le coût est de deux milliards cent treize millions sept cent quatre vingt quatorze mille soixante huit (2 113 794 068) Francs CFA.

Le câble de ACE

Africa Coast to Europe ou ACE est un câble sous-marin long de 17000 km, desservant l’Afrique de l’Ouest, géré par un consortium de 17 opérateurs et administrations avec à sa tête le groupe français de télécommunications Orange. Il dispose d’une capacité de transmission de 5,12 Tbits/s avec des longueurs d’onde de 40G. Le projet prévoit une connectivité directe entre pays- membres  du Consortium.

Dans le cadre de la construction d’un point d’atterrissement de ce câble à Kribi, l’Etat du Cameroun a signé le 06 juillet 2013, avec Orange France, un MoU relatif à la construction et l’exploitation du point d’atterrissement du câble sous-marin ACE et l’activation des capacités au Cameroun.

Les parties souhaitaient ainsi à travers ce MoU, engager des discussions et des négociations dans le but (sous réserve de la signature d’un accord contraignant sur les termes de leur partenariat) de mettre en place une structure de collaboration qui sera chargée de construire, d’opérer et de maintenir le segment camerounais du câble ACE, faciliter la mise à disposition des capacités sur ce câble aux parties et commercialiser les capacités activées du câble ACE.

Le câble de Main One

Le projet Main One est une initiative africaine qui vise à déployer un réseau de câbles sous-marins d’une capacité de 1,92 Tbits/s, afin de permettre un accès ouvert et à faible coût aux autoroutes mondiales de l’information. La première phase, qui a été mise en service en juin 2011, permet de relier, sur une distance de 7 000 km, le Nigeria au Portugal avec un point d’atterrage au Ghana. La deuxième phase devrait permettre au groupe  Main One de disposer des points d’atterrissement en Côte d’Ivoire, à Ténérifé, en Angola, au Sénégal et en Afrique du Sud.

Le Cameroun s’est engagé dans le cadre de la mise en oeuvre du projet NBN, de construire un point d’atterrissement de ce câble à Kribi et  prolonger la liaison par fibre optique partant de Kribi à Lagos pour un linéaire allant de 527 à 950km. Les engagements pris par le Gouvernement en termes de garantie pour le déploiement de ce nouveau point d’atterrage sur la côte  camerounaise sont estimés à 17 millions USD. »

Le Projet NBN (National Broadband Network)

« Dans le cadre de la mise en œuvre du réseau Large Bande, le Gouvernement a obtenu d’Exim-Bank Chine en Juillet 2012, un crédit à taux concessionnel pour la réalisation du programme NBN. Ce programme est organisé autour de cinq projets :

  1. 1.   Le Réseau d´Accès Filaire (RAF): la modernisation et l´extension du réseau d´accès filaire en vue de la fourniture des services haut débit, avec l´introduction des technologies innovantes, dites de nouvelle génération : GPON-FTTx (FTTH, FTTB et FTTC) et un cœur de réseau  IP Multimédia SubSystem (IMS) ;
  2. 2.   Les Réseaux et Services IP (RSI): la mise en œuvre d´un réseau IP/MPLS, l´implémentation d´un système de supervision du réseau CAMTEL, ainsi que le déploiement des plates formes de services IP.
  3. 3.   Le Système de Facturation et support (SFS): la mise en œuvre d´un système de facturation, de recouvrement et de support à la clientèle (NG-BSS);
  4. 4.   Le Réseau sans fil et accès haut débit : l´extension du CDMA et le déploiement des accès sans fil haut débit (CDMA-EVDO).
  5. 5.   Le Câble Sous-marin (CSM): la construction et l´exploitation d´une nouvelle station de câble sous-marin à fibre optique au Cameroun.

L’objectif recherché est de mettre en œuvre des infrastructures intégrées et des réseaux d’accès comme pierre angulaire des services en ligne, afin de fournir l’accès aux services de Télécommunications/TIC au plus grand nombre de populations au Cameroun, ainsi que l’amélioration de la connectivité avec les pays de la sous région Afrique Centrale.

Le programme NBN est réalisé à 40% au 1ermars 2014.

A terme, le réseau devra disposer des données caractéristiques suivantes :

v Pour le réseau d’accès filaire :

–         206 053 lignes d’abonnés ;

–         293 points de collecte d’abonnés installés à travers le territoire national ;

–         46 000 abonnés construits en FTTx (fibre optique de bout en bout) ;

–         260 km de construction de canalisation pour constituer des boucles métropolitaines ;

–         60 km de construction pour constituer le réseau de distribution optique.

v Pour le réseau CDMA :

–         La Capacité EVDO portée de 27 000 à 200 000 abonnés;

–         60 nouvelles BTS[3]de grande capacité installées à Yaoundé, Douala et dans les autres villes des régions ;

–         144 BTS upgradées pour disposer de l’EVDO ;

–         30 bonds de faisceaux hertziens pour relier les BTS ;

–         Des terminaux smartphone et datacard fournis ;

–         100 000 puces EVDO fournies.

v Pour le réseau de transmission IP :

–         Une salle defaisceaux aménagée ;

–         Des baies de distribution d’énergie disponibles ;

–         46 sites fournis en équipement IP ;

–         La plateforme IPTV déjà opérationnelle. 

v Pour le système de facturation :

–         Un nouveau système sera déployé avec une capacité de plus d’un million de comptes clients ;

–         Un Centre de contact construit ;

v Pour le câble sous-marin :

Il s’agira de poser 423 km de câble en mer et d’aménager une station d’atterrissement à Kribi.

A ce stade, il convient de signaler que la Cameroon Postal Services (CAMPOST) a pour sa part, dans le souci d’interconnecter, via la fibre optique 247 bureaux de postes repartis sur l’ensemble du territoire national, a posé 420 km de câble à fibre optique,  afin d’assurer la gestion de l’ensemble du réseau et des informations qui y seront véhiculées. »

Les Boucles Optiques Urbaines

« A côté des artères de transmission interurbaines, le Gouvernement a engagé un vaste programme de déploiement des boucles optiques urbaines : Celle de Douala, longue de 50 Km, construite en 2011 a été mise en service, celle de Yaoundé, longue de 67, 681 Km vient d’être réceptionnée. Dans les prochains mois, Buéa (29,186 km), Limbé (35,20 km),  et Maroua (49,423 km),  bénéficieront de ces investissements qui garantissent la fourniture des services haut débit, les marchés des travaux et de Maîtrise d’œuvre y relatifs étant en cours d’attribution.

L’objectif du Gouvernement est de couvrir à moyen terme les chefs-lieux des dix (10) régions du Cameroun par cette infrastructure, dans le but de faciliter l’accès à moindre coût des opérateurs à cette infrastructure essentielle, et de réduire les coûts de télécommunications et d’accès à l’Internet pour les populations. 

Grâce à la généralisation de la technologie à fibre optique, le Cameroun disposera d’un atout supplémentaire dans la lutte engagée pour la croissance et aura fait un grand pas vers la société de l’information grâce à la mise en œuvre d’une administration électronique, de la monétique grand public, de la télémédecine, de l’enseignement à distance avec le raccordement des universités et grandes écoles, du commerce électronique, l’emploi en ligne. Bref, l’environnement des affaires va s’en trouver profondément amélioré.

Rendu à ce point de mon exposé, qu’il me soit permis, Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, de signaler les difficultés rencontrées sur le terrain, pour la pose de la fibre optique, aussi bien dans les liaisons interurbaines que dans les boucles optiques urbaines.

 

Ces difficultés ont notamment pour origine le manque de coordination dans la mise en place des différents réseaux, dont les réseaux routiers. Ce qui m’amène à suggérer humblement deux choses : (1) une meilleure coordination entre les départements en charge des infrastructures, dont fait partie le ministère en charge des Télécommunications, on l’oublie trop souvent ; (2) à prendre des dispositions afin qu’à chaque kilomètre de route, corresponde un kilomètre de fibre optique posée, parce que, assurément, les communications électrogènes sont le nouveau nom du développement. (…) »


[1]Tbits/s : 1000 milliards de bits/s.

[2]Longueurs d’ondes: distance parcourue par l’onde au cours d’une période.

[3]BTS : Base Tranceiver Station

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