(TIC Mag) – Viva Technology, le salon des nouvelles technologies et des start-ups s’est tenu à Paris du 24 au 26 mai 2018. Souvent comparé au CES de Las Vegas, on s’attendait à y trouver une pépinière de start-ups venues du monde entier. Ce ne fut pas tout à fait le cas, non pas que les start-ups n’étaient pas en nombre (1800 start-ups enregistrées), mais elles avaient du mal à ne pas se faire “voler la vedette” face aux moyens déployés par les Etats, les régions et les grands groupes pour montrer leur intérêt ou leurs avancées en matière de nouvelles technologies.
Sélectionnées, pour beaucoup d’entre elles, selon une procédure qu’elles ont encore du mal à expliquer, les start-ups présentes, originaires d’une centaine de pays, étaient fréquemment invitées sur les stands des partenaires qui les avaient choisies.
Une démarche qu’on explique
De nombreuses grandes entreprises ont donc accompagné les start-ups à Viva Technology 2018. Les accompagnateurs de ces “jeunes pousses” tenaient à s’en expliquer. Pour La Poste par exemple, soutenir pas moins de 40 start-ups est un moyen d’œuvrer à “simplifier la vie des français”. La métropole du grand Paris se voulant à la fois intelligente et attractive, solidaire, et résiliente, innovante et compétitive ne peut que rechercher l’appui des start-ups pour réaliser son ambitieux projet. Il en va de même pour la région Ile de France qui, en tant que “start-up région”, a soutenu et financé plus de 1000 start-ups en 2017.
Elégamment, l’Oréal est à la recherche d'”une nouvelle beauté”, Accor Hotels nous a fait découvrir son “hospitalité augmentée”, la RATP travaille à “améliorer la mobilité urbaine” et BpiFrance a vocation à soutenir les start-ups “à toutes les étapes du développement international” afin de jouer un rôle décisif face “aux grands enjeux du monde de demain”. Six pays africains y accompagnaient également leurs start-ups.
Sur le salon régnait une atmosphère digne d’une salle de marchés (100 000 visiteurs enregistrés, 300 speakers et plus de 9000 start-ups) où une absence de climatisation, heureusement compensée par de nombreux points d’eau et de boissons gazeuses installés à l’initiative des organisateurs et des exposants, ajoutait à l’effervescence du lieu. Bref, une ambiance chaleureuse et conviviale, dynamique et enthousiaste où les rencontres étaient faciles et où pour comprendre et être compris, un bon “franglais” était de mise.
Aux côtés des géants
Nous retiendrons de notre visite au salon Viva Technology 2018, au delà d’une réussite incontestable, qu’il semble à présent moins évident pour une start-up d’exister aux côtés des géants du numérique, mais aussi sans eux. L’industrie du numérique a besoin de nouveaux débouchés. Les nouveautés sont importantes et rapides, mais anarchiques, chaotiques et plus ou moins durables. Les moyens à engager pour rester “dans la course” seront de plus en plus importants et un tel contexte ne peut qu’accentuer la fragilité des start-ups.
Si les créations d’entreprises dans l’industrie du numérique sont nombreuses, gardons bien à l’esprit que les cessations d’activité le sont tout autant. Les bonnes idées ne sont pas légions, les talents sont à dénicher et la rentabilité d’un projet aussi brillant soit-il peut rester longtemps incertaine. Si les réseaux sociaux étaient payants, y verrions-nous la même utilité ? en aurions-nous les mêmes usages ?
A la fois proie et prédatrice, la start-up est vulnérable et les mauvais coups sont fréquents. Se rapprocher d’une société établie, solide financièrement peut être une bonne stratégie pour se développer dans la sérénité.
Pour les grands groupes, les start-ups ne sont plus considérées comme les locomotives de l’innovation, mais plutôt comme un additif indispensable pour motiver leurs équipes et faire tourner à plein régime les moteurs de leurs propres laboratoires. Soutenir une start-up est un moyen habile pour une grande entreprise de renforcer sa veille technologique, d’externaliser à moindre coût une partie de sa R&D et de rajeunir son image.
L’avenir est aux partenariats, aux alliances et aux synergies. Il faut en être conscient et œuvrer dans ce sens. Les innovations pérennes de demain vont demander plus de professionnalisme et de gros investissements. Il est illusoire de croire qu’il ne suffit toujours que d’un peu de matière grise et de bonne volonté pour transformer le plomb en or et qu’en continuant à partir de rien ou en restant isolé, on va malgré tout jouer un rôle majeur dans l’industrie informatique du futur.
Par Philippe Mingotaud *
* Philippe Mingotaud est le correspondant de TIC Mag en Europe. Il est par ailleurs spécialiste sur les questions de l’informatique et des nouvelles technologies. Philippe est également l’éditeur de la suite logicielle ServoCall et SerVisual que vous pouvez acquérir ou consulter à travers les adresses Skype : servocall – Twitter : @ServoCall.