(TIC Mag) – Le Représentant résidant du Groupe de la Banque mondiale au Congo, Djibrilla A. Issa, explique à TIC Mag pourquoi la Banque mondiale accompagne le Congo Brazza dans son secteur du numérique et particulièrement dans le développement des infrastructures numériques, dont la fibre optique. Il donne par ailleurs des détails y compris financiers de cet accompagnement. Tout comme il revient sur les projets de son institution dans le pays de Dénis Sassou Nguesso.
TIC Mag : Comment la Banque mondiale accompagne-t-elle le Congo Brazza dans sa marche vers le développement d’une économie numérique ?
Djibrilla A. Issa : Les priorités du gouvernement qui ont été déclinées par le Président de la République et par le Premier ministre sont la création de la richesse et de l’emploi. Le gouvernement a identifié les secteurs porteurs de croissance et de richesse. Parmi ces secteurs, les TIC. Le gouvernement nous a demandé notre appui au niveau de trois niveaux : l’aider à mettre en place des infrastructures. Une fois ces infrastructures installées, il faudra aider le gouvernement à développer des services comme par exemple l’e-gouvernement ou l’e-santé autour de ces infrastructures. En troisième lieu, il faudra créer du contenu local. C’est-à-dire, faire en sorte que les TIC puissent servir à créer des entreprises locales qui développent des contenus innovants en utilisant cette fibre optique. Ce sont les trois éléments d’appui que nous apportons au gouvernement dans le secteur des TIC et de la fibre optique comme moteur du développement.
TIC Mag : A combien s’élève aujourd’hui l’appui de la Banque mondiale dans le secteur du numérique au Congo ?
DAI : Le premier projet a été le financement des connexions interrégionales avec la fibre optique pour un montant de 30 millions de dollars pour relier Pointe noire – Mbinda à la frontière avec le Gabon. La fibre optique a été déployé sur plus de 500 Km. Aujourd’hui, nous sommes en train d’apporter un financement additionnel pour compléter les infrastructures et passer aux deux autres phases évoquées plus haut, c’est-à-dire l’utilisation de la fibre optique pour les services publics et la création d’un incubateur qui pourrait intéresser les entreprises qui gravitent et travaillent dans le secteur des TIC afin que ces entreprises puissent se développer et créer de la richesse. Nous sommes en train de mobiliser un financement additionnel au premier financement accordé.
TIC Mag : A quelle échéance comptez-vous mettre en place cet incubateur ?
DAI : Notre objectif c’est qu’avant la fin du mois de juin 2017, nous ayons déjà mobilisé ce financement et que nous commençons à mettre en place l’incubateur. Mais, en plus de l’incubateur, l’on voudrait aider à la mise en place du Fonds du développement du numérique qui peut appuyer les efforts des jeunes entrepreneurs innovants du secteur des TIC.
TIC Mag : Comment venir à bout de la fracture numérique au Congo et faire en sorte que le Congolais se trouvant à l’intérieur du pays puisse disposer d’une connexion Internet fiable ?
DAI : Déjà avec le maillage de la fibre optique, les populations sont rapprochées des infrastructures. C’est un premier niveau important. Le gouvernement a déjà initié un premier projet de maillage. Aussi, le fonds de développement du numérique et l’agence de régulation qui travaillent dans ce sens devraient aider à ce que le numérique soit accessible à tout le monde. Cela va créer la compétition et l’innovation, ce qui va contribuer à la baisse des coûts et faciliter l’accès. La gestion des infrastructures est aussi critique pour permettre à ce que la fibre optique soit partagée par tout le monde.
TIC Mag : Comparé à d’autres pays de la sous-région, les tarifs de la data sont encore élevés au Congo. La Banque mondiale qui finance la fibre optique n’a-t-il pas son mot à dire pour que les coûts soient davantage abordables pour les Congolais moyens ?
DAI : Les tarifs sont définis par les lois de l’offre et de la demande. Ce que le gouvernement fait déjà en amenant les infrastructures, en créant un environnement règlementaire accroît l’offre et la compétition. Ce qui va contribuer nécessairement à faire baisser les coûts. Si vous regardez en arrière, il y a cinq ou dix ans, le Congo n’avait pas accès à la fibre optique. Les coûts étaient encore plus élevés et aujourd’hui, les coûts sont en train de baisser et vont baisser. Je n’en doute pas. Nous sommes en train de travailler avec le gouvernement sur ces questions d’offres et d’environnement juridique dans cette logique.
TIC Mag : Comment la BM s’est-elle associée avec les autres bailleurs de fonds pour l’interconnexion sous-régionale en Afrique centrale ?
DAI : Le Central African Backbone (CAB) est un projet multi bailleur financé par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et d’autres bailleurs de fonds. Ce que nous essayons de faire dans ce cadre, c’est de créer des interconnexions régionales. Ce que la Banque mondiale a financé, c’est l’interconnexion entre la République du Congo et le Gabon. Ce que la BAD a financé c’est l’interconnexion entre la République du Congo et le Cameroun. Il y a des volets dans chaque pays qui vont contribuer à faire ce maillage-là. Pour que les communications entre les pays de la sous-région n’aillent plus dans d’autres directions en Europe avant de revenir. Qu’on utilise plus la fibre optique sous-marine et que la connexion soit plus directe.
Propos recueillis par Beaugas-Orain DJOYUM, à Brazzaville
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