Dorothée Danedjo : « Que les journalistes s’arriment davantage aux TIC »

La journaliste qui considère Internet comme sa muse a récemment été distinguée via l’African Foss Reporter Award. Elle explique les objectifs de ce prix et raconte son amour pour les technologies de l’information et de la communication.

Vous venez de remporter  le premier prix africain de reportage 2012 sur les logiciels libres et Open-source avec votre webreportage intitulé : «Développement socio-économique du Cameroun grâce aux Open Source et aux logiciels libres ». Pour commencer, que doit-on entendre quand on parle d’Open source et de logiciels libres ?

Les logiciels libres et les Open source sont des logiciels libres de licence. L’on peut les acquérir sans débourser obligatoirement de l’argent. L’on peut en modifier les fonctionnalités et le facteur le plus important qui m’intéresse dans ces technologies c’est le fait qu’on n’a pas de problème de contamination avec un virus informatique apparent sous système d’exploitation libre.

Quel est l’objectif du prix africain sur les logiciels libres et qui sont  les organisateurs ?

Je crois avoir compris, après avoir participé deux fois à ce concours de reportage, que la fondation africaine des logiciels libres et open source (FOSSFA) organise tous les deux ans qu’il s’agit pour elle de promouvoir l’excellence journalistique dans ce domaine. Les meilleures productions doivent pouvoir démontrer l’importance de ces logiciels pour la société africaine et donner l’impact atteint par ceux ci sur le continent. Pour cette distinction, la FOSSFA agit en partenariat avec la radio allemande Deutsche Welle et l’Open Society Initiative for West Africa (OSIWA).

De quelle récompense est gratifié le vainqueur ?

Le gagnant de l’African Foss Reporter Award reçoit tout naturellement un certificat de participation à la compétition et un laissez-passer complet pour la conférence biennale IDLELO organisée par le Fossfa. Cette année, elle est à sa 5ème édition et se déroule à Abuja au Nigéria, du 19 au 23 mars 2012. L’autre gratification est pécuniaire, c’est un « cash prize ».

Votre webreportage « Développement socio-économique du Cameroun grâce aux Open Source et aux logiciels libres » a donc remporté ce prix. Qu’est ce qui vous inspiré ce sujet ?

C’est en 2009 que je fais parfaite connaissance avec les logiciels libres à la faveur de la célébration de la journée internationale du logiciel libre. Lorsque je suis mise au courant de l’existence de ce concours par Jean Francis Ahanda sur Twitter, je postule pour la première fois en 2010 avec un reportage radiophonique intitulé « L’approptiation des logiciels libres et Open source en Afrique ». Je remporte le second prix à cette édition. Cette année, j’ai beaucoup hésité à postuler, parce qu’il fallait se surpasser et essayer de démontrer autrement l’importance, le niveau de pénétration et le développement de ces technologies au Cameroun. Je suis donc partie de l’expérience de deux ateliers auxquels j’ai participé et qui se complètent. Le premier était un séminaire sur l’apprentissage de la langue Moundang à des enfants et le second Going Kompyta du Goethe Institut sur l’uniformisation du clavier d’ordinateur pour les langues camerounaises et la conception de manuels d’apprentissage de langue sous système Open source. Le reportage parle également de la communauté Ubuntu Cameroun et de l’ONG Protège QV qui sont les premiers acteurs du plaidoyer en faveur du logiciel libre au Cameroun.

Dans votre reportage, vous donnez la parole aux jeunes, qui, à travers leurs réalisations, peuvent faciliter la vie des populations. Etes-vous convaincue que la vie peut être plus facile avec les logiciels libres ?

Le libre et l’Open source ont un avantage non négligeable à considérer à mon avis. Ils sont à la base gratuit et réduisent inévitablement les dépenses en ce qui concerne l’achat d’une licence de logiciel; Par exemple, avec la plupart des logiciels sous système Windows, il faut investir une somme d’argent afin d’acquérir presque tous les logiciels à installer sur son ordinateur. Avec Ubuntu, qui est un système d’exploitation libre conçu par des Africains, l’on commande tout simplement par mail ou par téléphone en indiquant son adresse et le logiciel vous est donné gratuitement. Autre chose, les dépenses en anti-virus sont pratiquement éliminées de votre budget personnel annuel, puisque le système libre est conçu à dessein. Il est vrai que certains logiciels Open source sont coûteux pour certaines utilisations, mais il faut reconnaitre que c’est une aubaine pour le continent.

En plus de votre travail au ministère de la Communication et vos chroniques à la Crtv, vous animez weboscopie, une web-émission exclusivement diffusée sur votre site internet dorotheedanedjo.com. Qu’est-ce qui explique cette  particularité ?

Juste que je suis très éprise des technologies de l’information et de la communication. Je me souviens que lors de ma formation scolaire et académique, j’ai été très attirée par tout ce qui est technique, technologie, dessin technique dans les cours de couture (ESF), secrétariat de rédaction en journalisme, web journalisme, etc…

Qu’est-ce qui explique votre engagement dans les nouvelles technologies ?

Je ne saurai vraiment expliquer exactement. J’ai grandi dans une famille d’ingénieurs. Je suis pratiquement la seule à avoir fait une filière littéraire au secondaire, imposée par  le conseil d’orientation de l’époque. Quand j’étais au Lycée Joss de Douala, en classe de seconde, j’ai été hantée par le désir de changer de filière. Je me disais que lorsque j’arriverai en première, j’opterai pour une filière scientifique. Mais, finalement, j’y suis restée sans taire mon amour pour les sciences. Je les ai un peu retrouvés à l’ESSTIC, à la faveur de cours sur les TIC, le webjournalisme et le secrétariat de rédaction. Enfin, en situation professionnelle, j’en ai fait une spécialité grâce à laquelle j’ai bénéficié d’une formation sur le webmastering-webdesign. Bref, je pense qu’avec les nouvelles technologies, les tâches traditionnelles dans certains domaines deviennent plus aisées, plus softs. En somme, plus intéressantes.

Comment les nouvelles technologies  facilitent-elles votre travail quotidien de journaliste ?

En le rendant plus simplifié. Je n’ai pas top besoin de dépendre des uns et des autres pour produire une émission, réaliser un reportage par exemple. Avec les TIC, on peut facilement passer du statut de journaliste reporter au journaliste monteur ou réalisateur ou encore journaliste webmaster ou webdesigner (webjournaliste). C’est un atout indéniable.

Qui est Dorothée Danedjo Fouba ?

Difficile de le dire par moi même, car le moi est haïssable. Juste que j’approche la trentaine. Je suis issue de la 34ème promotion de journalisme de L’ESSTIC (2003-2006) et que je suis très portée sur le multimédia et le journalisme en ligne. Je suis originaire de l’Extrême-Nord, département du Mayo-Kani (Boboyo-Kaélé)

Journaliste, chroniqueuse à la Crtv, blogueuse, fonctionnaire au ministère de la Communication, etc., comment réussissez-vous à combiner toutes vos multiples occupations professionnelles ?

Très difficile en effet. Je fais un programme journalier et parfois hebdomadaire. Après mes heures de service au Mincom, je peux programmer des interviews pour ma webémission, collecter et réaliser mes chroniques pour Media.net et Bibliothèque sur le Poste national. La plupart du temps Internet est ma muse et m’aide à rattraper le temps.

S’il vous était donné de donner un conseil aux journalistes en matière de TIC, ce sera lequel ?
Il faut que les journalistes essaient de s’arrimer davantage aux TIC, sans en faire un suivisme idiot. Ils doivent pouvoir tirer des avantages d’elles, mais surtout détecter ses failles et tares afin de mieux parfaire la pratique journalistique quotidienne.

Propos recueillis par B-O.D.

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