(TIC Mag) – Au cours d’un entretien avec des journalistes camerounais le 14 janvier 2016 à Yaoundé, Elisabeth Medou Badang, la directrice générale d’Orange Cameroun, a dit ses quatre vérités sur la 4G. En effet, sur des affiches postées dans plusieurs villes camerounaises, Orange revendique le titre de « 1er opérateur 4G du Cameroun ». Idem pour son concurrent MTN Cameroun qui se vante également d’avoir le premier réseau 4G.
Alors qui est le premier opérateur à avoir lancé la 4G au Cameroun ? Elisabeth Medou Badang soutient mordicus que c’est bien Orange Cameroun. « Il y a un référentiel qui classe Miss Monde comme la plus belle femme du monde. C’est un référentiel. Est-ce que dans tous les référentiels elle est la plus belle femme du monde ? Je dis non ! Est-ce qu’une autre femme n’a pas le droit de dire qu’elle est la plus belle femme du monde ? J’affirme que non », répond la DG d’Orange Cameroun.
Sur le terrain, de nombreux utilisateurs ont pourtant du mal à utiliser la 4G annoncée par Orange. Une plainte pour publicité mensongère est d’ailleurs déposée au Tribunal de première instance de Yaoundé contre Orange, mais aussi contre MTN Cameroon et ces derniers sont convoqués à la barre le 28 janvier prochain. Déjà, la DG d’Orange qui se dit respectueuse des textes en vigueur au Cameroun affirme que sa société sera bien présente devant le juge et cela leur donnera l’occasion de mieux expliquer leurs positions.
Et quelles sont ces positions ? « Ce qu’Orange Cameroun dit c’est qu’elle a un réseau 4G disponible. Il y a un certain nombre d’abonnés qui, aujourd’hui, testent, utilisent nos services. Ce qu’Orange Cameroun dit également, c’est que nous sommes respectueux de la réglementation. Vous avez vu comme moi le communiqué du régulateur sur ce sujet. Sur ce point-là (de la 4G, ndlr), nous sommes prêts. Personnellement, j’ai une tablette avec une SIM qui convient bien à la 4G, tout le monde peut voir que le réseau 4G existe, nous avons indiqué dans quelles villes ce réseau est disponible. Ce que nous avons indiqué également, c’est qu’il y a un certain nombre de problématiques réglementaires et qui n’ont rien de technique d’un point de vue technologique qui doivent être adressées par les autorités compétentes », explique Elisabeth Medou Badang.
En clair, la DG d’Orange explique que l’ART, le régulateur télécoms, doit leur assigner des fréquences « avant que ses clients puissent bénéficier largement de la 4G dans les conditions les plus appropriées ». D’ailleurs la DG affirme qu’aucun opérateur n’a encore soldé ce problème de fréquences nécessaires pour la 4G. D’après elle, « les fréquences additionnelles pour émettre la 4G n’ont été attribuées pour le moment à aucun opérateur. Si vous posez la question au régulateur, il va vous le confirmer. Nous sommes tous en attente de l’assignation formelle des fréquences, puisqu’il y a toute une procédure à faire et un dossier à constituer que nous avons tous constitué. En tout cas, c’est le cas pour ce qui est d’Orange depuis des mois. Nous avons fourni toutes les informations nécessaires, le détail des équipements qui vont émettre sur ces fréquences-là et tous les éléments d’information dont le régulateur a besoin ». Sa société travaille avec le régulateur pour que tout soit OK et elle affirme avoir rencontré le régulateur jeudi dernier à cet effet.
Ces fréquences attendues
Selon Elisabeth Medou Badang, les canaux de fréquences ont bel et bien été attribués à Orange Cameroun dans le cadre de la licence 3G et 4G acquise en 2015. « Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. Les canaux nous ont été attribués dans la bande de 900 qui existait déjà. En cas de problème, chacun sait où il doit être. Les canaux nous ont été attribués dans la bande de 2 100 où nous émettons la 3G, là aussi pas de problème, chacun sait où il doit être. Dans la bande de 700 et de 800 pour lesquelles aujourd’hui personne ne sait où il doit être. Dans la bande de 1 800 dans laquelle nous émettions déjà, mais pour laquelle nous avons obtenu des canaux supplémentaires, nous n’avons pas aujourd’hui l’affectation précise de là où nous devons émettre sur des canaux supplémentaires. Cela étant, les équipements sur lesquels nous avons développé la 4G, que nous émettions en début de bande ou en fin de bande, les ajustements pour passer de l’un à l’autre sont minimes. Il suffit que l’on nous dise que vous émettez de telle bande à telle bande et cela nous prend quelques minutes pour les réajustements. On sait quelles sont les bandes qui sont disponibles. Je vous disais que nous avons des clients qui sont en train de tester. C’est sur ces bandes-là qu’ils la testent. A partir du moment où le régulateur nous aura donné des précisions, instantanément nous allons faire des ajustements et bénéficier de la 4G », explique la DG.
Elisabeth Medou Badang affirme que son entreprise est en conformité avec les textes en vigueur et que rien en principe ne devrait retarder l’assignation de ces fréquences. « D’un point de vue réglementaire, nous sommes 100% dans le respect des dispositions de la réglementation. Nous travaillons avec les autorités compétentes pour que cette situation soit clarifiée dans les meilleurs délais pour la bande de 1 800 pour laquelle c’est la plus facile et pour la bande de 700 qui n’a jamais été utilisée et qu’il faut repartir et pour la bande de 800 qui présente un certain nombre de difficultés ».
En attendant, les utilisateurs camerounais continuent à voir des affiches d’Orange offrant la 4G, sans pour autant avoir la possibilité d’utiliser cette 4G d’Orange dans des conditions appropriées. Pour la Ligue camerounaise des consommateurs, c’est simplement du mensonge. A suivre.