Et pourquoi pas une dorsale transafricaine de données ?

[DIGITAL Business Africa – Avis d’expert] – Le développement des réseaux à large bande à travers le monde représente un facteur significatif du développement de notre siècle et le continent Africain offre encore, dans plusieurs de ses géographies, d’immenses opportunités de développement en termes de connectivité. Le cabinet d’études #Telegeography a récemment publié avec son partenaire #Telecom Egypt l’édition 2022 de la cartographie des télécommunications africaines avec un focus sur les câbles sous-marins reliant le continent. C’est l’occasion de se retourner sur l’état des autoroutes numériques internationales reliant le continent et le développement des routes terrestres panafricaines !

Si il est vrai que de nombreux projets de câbles sous-marins ceinturant tout ou partie du continent sont déjà actifs, l’on compte également une demi-douzaine de projets de câbles sous-marins en phase active de développement sur la période 2022-2025 et cela devrait porter à plusieurs centaines de Téraoctets par seconde la capacité totale de transport de données du continent Africain avec des points d’atterrissage dans plusieurs villes le long des cotes de l’Océan Atlantique, l’Océan Indien, la Mer Rouge et la Mer Méditerranée.

Et pourquoi pas une dorsale transafricaine de données ?

Cet essor des infrastructures sous-marines à fibre optique aura permis de considérablement réduire la fracture numérique sur le continent et par ricochet le coût moyen de l’accès aux réseaux large bande même si au final les coûts pratiqués au détail par les opérateurs de communications électroniques de plusieurs pays africains restent encore globalement plus élevés que la moyenne des continents Américain, Européen et Asiatique (voir l’étude complète du cout moyen de 1Go mobile réalisée sur 230 pays à travers le monde).

Et pourquoi pas une dorsale transafricaine de données ?

Si le modèle de connectivité internationale par câble sous-marin a largement pris le pas sur la connectivité par le segment spatial en termes de volume global transporté sur le continent, cela reste un challenge pour de nombreux pays enclavés (Botswana, Burkina Faso, Burundi, Centrafrique, Ethiopie, Malawi, Mali, Niger, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, Tchad, Zambie, Zimbabwe) qui, ne bénéficiant pas d’un accès à un littoral, devraient s’appuyer dans une proportion non négligeable sur la connectivité par réseaux satellitaires. Il est vrai que l’offre globale sur les transpondeurs a connu une évolution qualitative et quantitative sur les dernières années avec l’explosion de la bande Ka en sus des bandes Ku et C, mais il ne reste pas moins vrai que la connectivité internationale par fibre optique demeure incomparable avec une bande passante internationale totale en croissance de 7.5Tbps a 38Tbps entre 2017 et 2021.

Et pourquoi pas une dorsale transafricaine de données ?

Cette situation ouvre de manière immédiate de vastes opportunités de développement de réseaux terrestres d’interconnexion transfrontalières à fibre optique permettant de relier entre elles des stations d’atterrissements de câbles sous-marins situées de part et d’autre du continent ce qui présente de facto plusieurs avantages directs :

  • Routes de restoration pour divers câbles sous-marins
  • Optimisation du temps de traversée (RTT) entre les principaux hubs continentaux (Egypte, Nigeria, Kenya & Afrique du Sud)
  • Opportunités d’accès aux câbles sous-marins pour les points de présence des pays enclavés y compris par l’acquisition de larges capacités sur le modèle de droits d’usage inaliénables sur de longues périodes (IRU – Indefeasible Right of Use)
  • Interconnexion des points d’échange internet (IXPs) continentaux
  • etc…

Les acteurs majeurs du transport de données sur le continent ne s’y sont d’ailleurs pas trompés avec de nombreuses initiatives dans plusieurs régions africaines pour interconnecter des réseaux terrestres nationaux dans le but de bâtir cette dorsale transafricaine a fibre optique. On pourrait citer sans ordre spécifique :

  • Le projet Djoliba porté par le groupe Orange en Afrique de l’Ouest et traversant le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire et le Ghana avec une interconnexion aux câbles sous-marins ACE (Africa Coast to Europe), MainOne et SAT-3 (South Atlantic 3)
  • Le projet One Africa Broadband Network de Liquid Intelligent Technologies tout particulièrement en Afrique Australe avec le « Southern Corridor » ainsi que l’expansion vers l’Océan Atlantique via la République Démocratique du Congo
  • Le projet de câble à fibres optiques Trans Africain du groupe Maroc Télécom qui relie le Maroc, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Niger sur 5.698 km
  • Le projet WE-AFRICA-NA reliant Port-Soudan sur la Mer Rouge à Kribi et Limbe au Cameroun sur l’Océan Atlantique (annoncé en marge de Capacity Middle East 2022) initiative des opérateurs nationaux SudaChad, Sudatel et CAMTEL respectivement au Tchad, au Soudan et au Cameroun

Cette mouvance vers une accélération de la connectivité terrestre par fibre optique transfrontalière qui s’inscrit dans la dynamique globale de fluidification et d’accroissement des échanges économiques entre pays africains devrait en principe participer à la tendance baissière des coûts de communication sur le continent si elle est judicieusement exploitée par les opérateurs de communications électroniques mobiles et à condition que la qualité de service assurée sur ces dorsales transfrontalières soient arrimée aux standards internationaux particulièrement en termes de taux de disponibilité et de temps de latence.

N’hésitez pas à partager vos opinions, questions ou suggestions en commentaires !

Par Georges Mpoudi Ngole, Building the digital hub of Central Africa via CAMTEL Carrier | Transformation Leader | Business & Technology Senior Executive | French/English Speaker

Georges Mpoudi Ngolè, également promoteur de Cowork Africa

Texte initialiement publié sur LinkedIn

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