(TIC Mag) – Le Burkina Faso ne possède pas de façade maritime. Sa position géographique au cœur de l’Afrique de l’Ouest constitue ainsi un handicap pour son accès à la connexion haut débit fournie par les câbles sous-marins de fibre optique. Et d’après le gouvernement burkinabé, cette situation constitue un obstacle à la réalisation des objectifs politiques de développement du pays qui intègre l’infrastructure et les services des TIC comme des secteurs productifs et aussi comme infrastructures essentielles de soutien à la croissance des autres secteurs.
Pour faire face à ce handicap, le ministère du Développement de l’Economie numérique et de la Poste, dirigée par Mme Sana née Congo Aminata, en partenariat avec la Banque mondiale, ont mis sur pied le projet de raccordement du Burkina Faso aux câbles sous-marins à fibre optique en passant par le Ghana, qui dispose d’un littoral où atterrissent ces câbles. C’est le Projet régional des infrastructures de communication de l’Afrique de l’Ouest, Projet du Burkina Faso (PRICAO-BF). Précisément, il s’agira de la construction d’une liaison sur fibre optique entre Ouagadougou et Pô jusqu’à la frontière du Ghana + Bretelle Bagré Pôle.
A travers ce projet dont le maître d’œuvre est le ministère en charge de l’Economie numérique, le pays a l’ambition de desservir les localités et les chefs-lieux qui se situent dans l’axe de la liaison ; de desservir le pôle de croissance de Bagré (contribution du ministère aux atteintes des objectifs infrastructurels de Bagrépole) ; de participer au désenclavement numérique du Burkina Faso avec une réduction de la fracture numérique, mais aussi et surtout de réduire les coûts des services Internet aux usagers et aux entreprises et institutions.
Coût des travaux : 4,8 milliards F.CFA
D’après les prévisions, cette fibre optique s’étalera sur 307 km et aura une capacité maximale du réseau de 1600 Gb/s avec un débit installé de 45 Gb/s. Le projet qui sera réalisé par l’entreprise chinoise Huawei International co LTD sera livré dans six mois. Il aura coûté 4,8 milliards F.CFA avec comme technologie installée la nouvelle génération WDM (multiplexage en longueur d’onde). L’assistance à la maitrise d’ouvrage sera assurée par Sofrecom, la filiale du groupe français Orange spécialisée en la matière.
A noter, ce projet entre dans le cadre de la composante 1 du PRICAO-BF dont l’objectif est l’amélioration de la connectivité. Elle vise notamment à garantir la connectivité internationale pour le Burkina Faso à travers les deux sous composantes « amélioration de la Connectivité internationale » et « amélioration de la Connectivité régionale ». Coût global de cette composante 17,3 millions USD.
Le PRICAO-BF a été mis en vigueur le 22 décembre 2011 et d’un coût global de 23 millions de dollars USD. Ses deux autres composantes sont : la création d’un environnement propice pour la connectivité (03,68 millions USD) et la gestion du projet (Gestion du projet).
Cameroun
L’on se rappelle que le Burkina Faso avait envoyé en avril 2015 une délégation de responsables des télécommunications du Burkina Faso pour s’inspirer de l’expérience camerounaise en matière de pose de la fibre optique. «Le Cameroun est en avance par rapport à nous en matière de gestion du backbone à fibre optique, parce qu’il dispose déjà de cette infrastructure. Une coopération Sud-Sud nous permettra de mieux nous inspirer de cette expérience pour la mise en place de notre infrastructure», déclarait alors Lamoussa Oualbeogo, le chef de la délégation burkinabé.
En guise de conseil, David Nkotto Emane, le directeur général de Camtel, l’entreprise publique des télécoms au Cameroun, leur avait recommandé de ne pas confier la gestion de cette infrastructure à un opérateur privé. «Si vous souhaitez réhabiliter les télécoms au Burkina Faso, le backbone devra faire l’objet de la création d’une structure nationale gérée par l’Etat. Cela sera davantage bénéfique pour le pays, contrairement à si elle est administrée par une entreprise privée», a-t-il suggéré.