Grégoire de Padirac [Digital Africa] : “Nous avons été surpris de voir à quel point le Cameroun a fait une percée énorme”

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[Digital Business Africa] – L’équipe de Digital Africa est à Douala, au Cameroun, pour quatre jours de rencontres avec les startups camerounaises dans le cadre du Challenge Fuzé. Grégoire de Padirac, CEO de Digital Africa, qui conduit cette délégation française, fait le point avec Digital Business Africa. Beaugas-Orain DJOYUM l’a rencontré ce 28 janvier 2025 au consulat de France à Douala (Bonanjo) lors d’une soirée de networking.

Voici un résumé de cette interview :

Digital Africa, désormais filiale de l’AFD et de Proparco, soutient les startups africaines avec son programme Fuzé, en mettant l’accent sur le Cameroun.

·  Gouvernance et diversité de Digital Africa: Digital Africa est présidé par la CEO de Proparco et dispose d’une équipe binationale avec des contacts locaux en Afrique pour éclairer ses décisions.

·  Investissements au Cameroun: Digital Africa a déjà investi dans huit startups camerounaises et prévoit d’augmenter ce nombre après avoir rencontré seize entrepreneurs à Douala.

·  Surprise par la percée du Cameroun: Initialement, Digital Africa pensait que le Sénégal et la Côte d’Ivoire seraient en tête des investissements, mais a été surpris par la qualité des candidatures camerounaises.

·  Objectif du programme Fuzé: Le programme Fuzé vise à soutenir les entrepreneurs dans des écosystèmes avec peu d’acteurs en offrant des investissements de 20 000 à 100 000 euros et un accompagnement sur mesure.

·  Accompagnement et opportunités: Les startups soutenues par Digital Africa ont accès à des experts, des mentors, des outils, et des événements tech en Europe et en Afrique pour les aider à réussir.

·  Composition de l’équipe: L’équipe de Digital Africa comprend 20 personnes de sept nationalités africaines différentes, ce qui aide à prendre des décisions adaptées aux besoins locaux.

·  Engagement envers le Cameroun: Digital Africa s’engage à continuer d’investir au Cameroun, visant à augmenter le nombre de startups soutenues dans ce pays.

Digital Business Africa : Digital Africa est au Cameroun avec le programme Fuzé. Vous annoncez des montants importants en soutien aux startups. Par exemple, 6,5 millions d’euros mobilisés. Ici, à Douala, vous avez rencontré quelques startups camerounaises que ce programme Fuzé peut soutenir. Combien de startups avez-vous déjà rencontrées ?

Grégoire de Padirac : Nous avons déjà dans notre portefeuille huit startups au Cameroun. Aujourd’hui, nous avons 43 startups au total dans notre portefeuille. Donc, le Cameroun est aujourd’hui notre principal contributeur. C’est le principal pays au sein de notre portefeuille. Ce qui n’était pas écrit à l’avance. Au début, quand on avait lancé l’investissement par Digital Africa avec le programme Fuzé, on avait commencé au Sénégal et en Côte d’Ivoire. On croyait que ces deux pays francophones allaient être de loin les numéros un dans notre portefeuille en matière de projets de start-up.

Digital Business Africa : Pourquoi pensiez-vous que le Sénégal et la Côte d’Ivoire allaient être les premiers ?

Grégoire de Padirac : Nous le pensions parce qu’ils ont un écosystème de start-up qui a un peu plus de maturité qu’ici. En tous cas, il a un peu plus d’antériorité. Il y a plus d’investisseurs qui y sont allés. Il y a déjà des startups qui ont fait des grosses levées dans ces deux pays-là. Et donc, on pensait vraiment qu’ilsallaient être les premiers. Et nous avons été surpris l’année dernière de voir à quel point le Cameroun a fait une percée énorme. Tout simplement parce qu’on reçoit ici beaucoup de candidatures.

Et au Cameroun, ces candidatures sont de grande qualité. Donc, assez naturellement, nous avons investi dans beaucoup de startups camerounaises. Elles sont au nombre de huit. Ce n’est vraiment qu’un début, puisque nous sommes venus ici pour rencontrer seize entrepreneurs et nous nous engageons, à l’issue de ces rencontres, àfaire au moins un investissement supplémentaire. Dans les faits, il y en aura plus d’un. Donc, par définition, au Cameroun, on va continuer à monter dans le portefeuille et on s’en réjouit.

Digital Business Africa : Déjà, il y a huit startups camerounaises que vous soutenez…

Grégoire de Padirac : Nous avons rencontré seize startups camerounaises. À l’issue de la journée d’hier, on fera au moins un investissement. Mais la réalité sera certainement beaucoup plus. Peut-être deux ou trois. On verra.

Digital Business Africa : Il y a eu des problèmes au lancement de Digital Africa. Il y a eu plusieurs personnes qui sont parties, plusieurs personnes qui sont arrivées et reparties. Aujourd’hui, Digital Africa arrive avec le programme Fuzé. Quelle est la garantie que vous donnez que les startups camerounaises et africaines de choix seront retenues et véritablement soutenues ?

Grégoire de Padirac : Digital Africa a mis du temps à trouver son modèle et c’est ce que vous racontiez à l’instant. Mais aujourd’hui, il me semble que ce temps est vraiment derrière nous. Moi-même, je suis arrivé il y a un an chez Digital Africa et tout ce qu’on cherche à faire, c’est faire quelque chose à la fois de simple et de compliqué.

Simple, parce qu’en fait, on se concentre sur un problème. Celui de donner les moyens aux entrepreneurs de réussir dans des écosystèmes où il y a trop peu d’acteurs pour les soutenir. Le Cameroun, c’est une merveilleuse terre d’entrepreneuriat. Il y a des business angels et il y a des accélérateurs pour les soutenir. Mais tout ça, c’est encore en très faible nombre par rapport au nombre de talents entrepreneurs qu’il y a ici et par rapport aux besoins du pays. Donc, nous apportons juste notre petite pierre à l’édifice.

Et la petite pierre à l’édifice, c’est une fusée (Fuzé). C’est-à-dire un ticket d’investissement de 20000 euros à 100 000 euros et de l’accompagnement sur mesure, en plus de l’investissement qu’on fait. On essaye juste d’être des business angels actifs au milieu des autres business angels du pays. Mais on se dit qu’en soutenant huit et bientôt neuf ou dix startups ici, au Cameroun, eh bien, ça commence à peser. Parce que parmi toutes ces startups qui reçoivent des fonds, certaines d’entre elles vont réussir et vont être les succès de demain. Et ce dont on a besoin ici, ce sont des vrais succès, des gros succès, des succès que l’Afrique entière peut voir et qui vont inciter à faire venir les autres entrepreneurs et les autres investisseurs.

Digital Business Africa : Est-ce qu’il y aura un accompagnement, un suivi de ces startups camerounaises qui seront retenues et pourquoi pas des invitations en France pour participer aux  événements comme Viva Tech ou Franco Tech pour se frotter aux réalités des autres startups ?

Grégoire de Padirac : Pour nous, chaque start-up dans laquelle on investit a accès à notre offre d’accompagnement qu’on appelle Digital Africa Platform, et cette offre d’accompagnement inclut un accès à des experts. Il y a des experts ici, au Cameroun, mais il y a certaines expertises pour lesquelles avoir accès à la bonne personne est très difficile pour des startups. Donc, nous essayons d’apporter cela. Mais au-delà des experts, des mentors. Nous donnons également accès à des outils.

Et vous le disiez, également l’accès à des événements tech en Europe et en Afrique. Nous avons pu ainsi faire venir une dizaine de nos startups sur différents types d’événements entre l’Afrique du Sud, le Gitex au Maroc, VivaTech à Paris où les Franco tech que vous citiez. Et puis un peu partout en Afrique.

Il n’y a pas que les événements européens qui comptent, mais aussi beaucoup d’événements africains qui sont vraiment de très très grande qualité. Dans notre accompagnement, on va vraiment s’assurer que chacun de nos entrepreneurs dispose de ce dont il a besoin pour réussir. Ce sont des réponses rapides à des questions qui les bloquent, des outils qui permettent de se structurer et d’être attractifs pour des investisseurs et les bonnes opportunités au bon moment.

Digital Business Africa : Dans la direction de Digital Africa aujourd’hui, y a-t-il des Africains qui vous aident à prendre des décisions ?

Grégoire de Padirac : Alors déjà, l’ensemble de l’équipe, c’est 20 personnes. Ce sont sept nationalités africaines différentes dans l’équipe.

Aujourd’hui, nous sommes une filiale de l’AFD et de Proparco. Donc, notre gouvernance, elle est claire et elle est neutre aujourd’hui. Digital Africa est présidé par la CEO de Proparco, mais on se nourrit de toute l’équipe, qui est souvent binationale, de plein de nationalités différentes. Et puis bien sûr, on s’appuie sur nos contacts en Afrique qui sont sur le terrain et qui nous aident, qui nous éclairent. Voilà.

Propos recueillis par Beaugas ORAIN DJOYUM

Lire aussi:

Digital Africa et l’Équipe France « challengent » l’écosystème effervescent des startups camerounaises

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