La connexion n’est pas bonne entre le ministre Jean Pierre Biyiti bi Essam et une partie du personnel qui l’accuse de tous les maux.
«J’ai déjà connu des tempêtes plus rudes, et je suis toujours debout. Et puis, ce n’est pas avec ce genre de choses que le chef de l’Etat juge ses ministres.» C’est avec ce propos que le ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), Jean Pierre Biyiti bi Essam, accueille les accusations qui viennent d’être portées contre sa gestion et celle de certains de ses proches collaborateurs.
Dans une lettre de protestation datée du 12 décembre dernier et adressée au patron des lieux, l’Association du personnel du Minpostel dénonce en effet «le tribalisme, la corruption et le népotisme [qui]
sont érigés en modèle de fonctionnement dans [ce] ministère». Pour bénéficier de ses droits les plus élémentaires, écrivent les protestataires, il faut appartenir à la famille ou à la belle famille du ministre, ou encore avoir un parrain dans l’un de ces deux groupes.
Le Fonds spécial de développement des télécommunications, peut-on lire dans cette tirade, est «géré» abusivement par les frères et beaux frères de M. Biyiti bi Essam, toute chose qui foule au pied les règles élémentaires de gestion des fonds publics.
Dans la même veine, «les marchés publics sont fractionnés et donnés aux amis et connaissances [du ministre], au mépris des procédures de passation des marchés». Des télécentres communautaires polyvalents (Tcp) fictifs sont réceptionnés, et ceux existant réellement sont équipés de matériels vétustes, obsolètes contre des factures payées au prix des équipements neufs. L’Association du personnel du Minpostel constate également que ce sont toujours les mêmes personnes, et donc des proches du ministre, qui sont dans les commissions donnant droit aux primes, les mêmes qui sont mis en mission et bénéficient d’autres avantages hors salaires, qui leur sont très souvent payés les week-ends et jours fériés.
Sur un autre plan, les «lésés» du Minpostel constatent que certains retraités continuent de trôner dans ce département. Que le directeur de la planification et du développement des postes et télécommunications, Raphaël Nlend, n’hésite pas à user impunément du coup de poing contre des collaborateurs, «pour la plupart ses camarades les plus brillants de promotion, gifle ses secrétaires comme s’il avait le droit de vie et de mort sur les épouses d’autrui».
Tout ceci, indique ce document dont copies ont été adressées à la présidence de la République, aux services du Premier ministre et au Contrôle supérieur de l’Etat, n’est qu’un aperçu des maux qui minent le Minpostel. «Il est temps que des mesures appropriées soient prises pour remédier à cette situation qui a tant duré. Sinon, nous serons obligés de manifester publiquement notre mécontentement», avertissent les grognards.
A tous ces griefs, Jean Pierre Biyiti bi Essam oppose un argument définitif : «Tout ceci procède de manœuvres de diversion.» Sa priorité du moment : mettre les gens au travail avec assiduité, «déterrer les dossiers au lieu de passer le temps à étudier des lettres anonymes». Et de constater que cette supposée lettre de dénonciation intervient au moment où des mouvements de personnels sont en vue.
Source : Mutations