[Digital Business Africa] – Le Réseau des Professionnels du Secteur des Télécoms, des TIC et du Numérique au Cameroun était représenté aux Rencontres économiques du Cameroun. Et valablement. Son président Dr.-ing. Pierre-François Kamanou a pris part à l’atelier numérique et innovation, sous le thème : Comment rattraper le retard dans la transformation des entreprises et des administrations. Dans son exposé, l’expert va d’emblée reconnaitre que le Cameroun est classé 133e sur 193 Etats-membrs de la Banque mondial, selon un rapport E-participation Index 2022. Le Dr.-ing. Pierre-François Kamanou pense que cette performance médiocre est le fait d’une faible interconnectivité internet et une inexistence d’une interconnectivité téléphonique sur les canaux voix, sms et USDD.
Et c’est justement sur la problématique de l’interconnectivité locale que son intervention a porté. Selon lui, l’interconnectivité locale se révèle être un pilier essentiel de la transformation numérique des administrations publiques et des entreprises.
Le Dr.-ing. Pierre-François Kamanou a donné une explication relativement claire de la notion.
« L’interconnectivité consiste à mettre place, d’abord à l’échelle nationale puis régionale, un réseau unique de télécommunications . Ce réseau permettra à tout utilisateur -personne physique ou morale-où qu’il se trouve dans les zones de vie, d’accéder à des tarifs non discriminatoires à toute plateforme de services TIC ou numériques offerts par les personnes morales, via les différents canaux de communication électronique : internet, voix, SMS et USSD ».
l’interconnectivité et les câbles sous-marins
Pierre-François Kamanou explique qu’aujourd’hui, l’offre globale d’accès internet des opérateurs repose essentiellement sur une interconnectivité internationale via les câbles sous-marins, avec une faible résilience. Le pourcentage de consommation de données pour l’accès aux services TIC et numériques des entreprises et administrations locales est très faible, comparé à l’usage des applications OTT de communication, telles que WhatsApp et les réseaux sociaux.
Toutefois, il n’existe pas, d’après le Dr.-ing. Pierre-François Kamanou, d’offre d’interconnectivité locale pour l’accès téléphonique aux plateformes d’applications des entreprises, qui devraient pourtant être identifiées par des numéros fixes virtuels. Cela se traduit notamment par la disparition progressive de l’usage des numéros de téléphone fixe filaire par les entreprises et les administrations.
Le niveau actuel de gouvernance de l’interconnectivité locale ne facilite pas l’émergence, dans notre écosystème numérique, de startups locales indépendantes des opérateurs mobiles internationaux. Pourtant, comme dans les pays occidentaux et en Afrique du Sud, ces startups sont les moteurs du développement inclusif de l’économie numérique, en traduisant des services innovants dans des secteurs technologiques émergents tels que : Datacenter et cloud, IOT, Finteh, blockchain, signature électronique, Big data, IA…
L’autre défi soulevé par le président du Reptic est l’absence d’opérateurs locaux de plateformes de communication unifiée (Cpaas) sur des numéros fixes virtuels. L’expert explique que cela entrave la modernisation de la téléphonie fixe d’entreprise, en voie de disparition. Selon lui, ces plateformes permettent de centraliser et de sécuriser l’ensemble des communications professionnelles ( voix, SMS, USSD, WhatsApp) sur un unique numéro fixe virtuel, améliorant ainsi l’expérience des clients, la productivité des employés.
Il rappelle néanmoins que ces plateformes jouent un rôle crucial dans le renforcement de l’identité numérique des personnes morales, un enjeu majeur dans un contexte galopant d’usurpation d’identité téléphonique et d’actes de cybercriminalité. En offrant une solution sécurisée et fiable, ces plateformes contribuent à restaurer la confiance dans les interactions numériques incluant le paiement mobile.
Les six propositions stratégiques du Reptic
Pour rattraper ce retard et accélérer la transformation numérique, le Reptic propose les six recommandations suivantes, qui visent à favoriser l’entrée de nouveaux opérateurs privés nationaux de télécom et à promouvoir l’émergence et le soutien des champions nationaux dans le secteur du numérique :
– Renforcer la gouvernance de la régulation en mettant en place un cadre légal et technique pour la mise en œuvre effective des textes réglementaires , en veillant à leur application transparente et équitable
– Mise en place par Camtel d’une offre d’interconnexion destinée aux opérateurs licenciés de de services d’accès internet par FTTH et de services d’accès téléphonique sur des numéros fixes virtuels , afin de renforcer l’écosystème numérique local
– Rendre opérationnels les deux points d’échange internet (IXP) pour maintenir localement le trafic internet, réduire les coûts et améliorer la qualité de services.
– Mettre en place un cadre réglementaire pour faciliter l’accès des TPE/PME du numérique à la commande publique, notamment pour des services innovants non inclus dans la mercuriale, avec exonération des droits d’enregistrement et simplification des conditions de paiement.
-Soutenir les startups locales porteuses de projets structurants grâce à des subventions et des partenariats public-privé, afin de stimuler l’innovation et la compétitivité.
– Mettre en place un cadre réglementaire incitatif pour la création de zones franches numériques.
Les Rencontres économiques du Cameroun ont été organisées par le Groupement des Entreprises du Cameroun ( Gecam). Les travaux se tenus du 26 au 27 février 2025 à Yaoundé.
Par Jean Materne Zambo, source : présentation du président du Reptic