[Digital Business Africa] – Au Kenya , le gouvernement est depuis quelques semaines la cible de vives critiques formulées par les ONG. En cause, une proposition de loi publiée en juillet 2019, portant sur l’installation de caméras de surveillance sur tous les sites publics du pays. Selon le ministère kenyan de l’Intérieur, la mesure visera à rendre l’espace public national plus sécurisé, et permettra dans le même temps de documenter certaines infractions, ou des actes répressifs beaucoup plus grave. Pour le gouvernement, cela pourrait être encore bien plus utile, notamment pour prévenir même les attentats terroristes.
Mais seulement, ces explications ne suffisent pas à rassurer les organisations de défenses des droits humains. En premier, Amnesty international dont la branche kenyane a publié une note d’alerte qui avertit sur les éventuelles dérives qu’un tel dispositif pourrait entrainer. Dans son argumentaire, l’ONG prend le cas de Chine où un dispositif similaire est installé. Et dans ce pays, il sert davantage à surveiller les civils, et particulièrement les dissidents. En cas de simple participation à une manifestation anti-régime, les manifestants peuvent être ainsi fichés et sur cette base, harcelés par les autorités.
En plus de cet aspect, Amnesty s’inquiète également de la protection de la vie privée des civils. En effet, il n’existe pas encore au Kenya une loi qui garantisse la protection des données personnelles. S’il est vrai que des propositions dans ce sens ont déjà été déposées à l’Assemblée nationale, il est tout aussi vrai que ces propositions n’ont jamais abouti, et ne sont restés qu’à la phase des discussions. Ce qui implique que le pays est dépourvu de tout cadre légal dans ce sens, et les vidéos obtenues par les caméras peuvent finir en possession de toutes personnes mal intentionnées qui pourraient les utiliser pour nuire à autrui.
Quoi qu’il en soit, ces réticences n’ont pour l’instant pas entamé la détermination des autorités kenyanes qui poursuivent le projet d’installation des caméras en question. Selon le ministère de l’Intérieur, au cours des semaines à venir, tous les lieux publics du pays seront truffés de caméras. Y compris les hôpitaux, les jardins publics et les rues.
Ecrit par Jephté Tchemedie