[Digital Business Africa – Avis d’expert] – Pour ceux qui étaient encore jusqu’ici réticent à l’adoption du télétravail comme modalité d’exercice des activités professionnelles, les mesures de confinement et de distanciation sociale imposées par les stratégies de lutte contre la pandémie du COVID-19 les obligent à réfléchir autrement.
Avec le COVID-19 en circulation, le basculement en mode télétravail s’impose comme une mesure permettant aux entreprises de continuer leurs opérations sans mettre en danger la vie de leurs employés ni de leurs clients.
Pour rappel le télétravail ou travail en dehors des locaux de son entreprise, apparaît aux Etats-Unis en 1972 et fonctionne principalement avec le téléphone et le fax : il est à cette époque très peu répandu. Toutefois, Il va connaitre un véritable boom avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication au point de devenir à partir de 2010, le mode de travail privilégié d’une franche importante des travailleurs dans de nombreux pays développés à travers le monde.
D’après un article sur le télétravail publié sur internet en 2019 par Guillaume Pays, c’est prêt de 54% des Brésiliens qui déclarent travailler à distance. Le même article révèle que « 61 % des salariés français aspirent à ce mode de travail » (conférence de Presse, 31/08/2017) mais seulement 29% le pratiquent régulièrement. Des statistiques qui vont très probablement évoluer avec la pandémie du coronavirus. Si le télétravail est une pratique entrée dans les mœurs en hexagone, qu’en est-il de la situation dans notre pays ?
D’entrée de jeux, le télétravail n’est pas spécifiquement encadré par la loi au Cameroun comme c’est le cas en France avec l’ordonnance de Macron de 2017 qui reconnait le télétravail comme un mode de travail spécifique et fixe son cadre réglementaire.
De même l’éducation à distance n’est pas reconnue comme une modalité pour l’obtention des diplômes académiques par les autorités gouvernementales. Du coup, très peu d’entreprises en activités au Cameroun envisagent le télétravail comme un mode d’exercice du travail salarié.
Pour l’instant, seules les stars up, les travailleurs indépendants (Freelancers), certaines organes de presse internationale et les entreprises de prestations en services IT utilisent ce mode de travail.
Toutefois, avec la menace que représente le COVID-19 sur la continuité des activités économiques des entreprises et de la nation tout entière, les choses vont changer et très rapidement.
Déjà, le gouvernement à travers le ministère de l’Enseignement supérieur, de l’éducation de base et des enseignements secondaires vient d’opter pour l’enseignement à distance comme moyen pour continuer l’éducation des jeunes pendant la période de confinement imposée par la gestion de la crise sanitaire due au COVID-19.
Cette mesure, transforme de fait pour un temps le corps enseignant en télétravailleurs même si très peu ont les capacités requises pour dispenser des enseignements en faisant usage des outils digitaux. Certainement des dispositions seront prises pour les capaciter.
Globalement dans l’administration centrale, les agents de l’état sont encouragés à utiliser les technologies digitales pour la communication et le travail collaboratif pendant cette période de crise. Toute chose qui va contribuer à développer les capacités de télétravail chez le personnel de l’état.
Coté secteur privé et notamment les entreprises exerçant dans les activités, de conseil, de formation, d’ingénierie, de communication, de distribution, de prestation IT, des services financiers,…, le basculement en mode télétravail s’impose naturellement comme l’option pour assurer la continuité de leur activité pendant cette période trouble.
Celles qui vont tirer le plus grand bénéfice du télétravail sont celles qui ont engagées il y’a longtemps le processus de digitalisation des activités de leur chaine de valeur. Elles disposent d’ors et déjà les capacités de travail à distance. Pour celles ne s’étant pas encore engagées dans la digitalisation, elles doivent urgemment développer les capacités de télétravail à défaut d’envisager l’arrêt des activités pendant celle période de confinement.
Une décision lourde de conséquence que devront également prendre à contre cœur de nombreux entreprises des secteurs d’activités nécessitant la présence physique des personnes pour superviser le processus de production tel les industries agroalimentaires, l’imprimerie, l’élevage, l’agriculture, le transport, la restauration, l’hébergement, l’événementiel, la construction, si les mesures de confinement venaient à devenir obligatoires…
Le télétravail étant d’application difficile dans ces secteurs activités sauf dans l’hypothèse d’une automatisation complète des processus de production à l’aide des robots, des capteurs et des systèmes de contrôle à distance. Ce qui pour l’instant n’est pas encore d’application courante dans le monde.
Quoiqu’il en soit, les avancées dans le développement et l’intégration des technologies digitales laissent entrevoir que le télétravail sera d’ici peu d’application dans tous les secteurs d’activité. La pandémie du COVID-19 va servir de levier d’accélération.
En attendant, un pan important de l’activité socio-économique de notre pays peut continuer à tourner grâce au télétravail des centaines de milliers de personnes. Pour faire partie de cette population de télétravailleurs, il faut urgemment développer les capacités dans l’usage des technologies digitales si l’on n’en dispose pas. Au fait, est-ce que le COVID-19 laisse vraiment le choix ?
Par David TSAASSE*
*David TSAASSE est Consultant en management et système d’information, ITIL Expert, PMP, Agile Scrum master, PDDM, TOGAF9 certifié. Avec plus de 18 années d’expérience dans le conseil, la formation et l’accompagnement des organisations et notamment en Intégration des bonnes pratiques de management et gouvernance IT.