Inquiets de la réduction de leurs recettes du segment voix par l’entrée des acteurs de l’économie numérique dans ce domaine avec la voix sur IP, les opérateurs mobiles de certains pays africains ont déjà bloqué ou ont été accusés de bloquer les appels VoIP sur Viber, Skype ou WhatsApp. Ceci avant de revenir à la raison. C’est par exemple le cas au Sénégal où le 03 mars 2015, suite à une plainte des consommateurs, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a sommé la Société nationale des télécommunications du Sénégal Sonatel de lui fournir dans les 48h suivant sa saisine, une explication sur les causes du blocage d’accès au service de Voix sur IP VIber. Au-delà des raisons de ce blocage, le régulateur télécom avait surtout demandé à l’opérateur historique, filiale du groupe télécom français Orange, de remédier au problème sans délai.
Au Gabon, les opérateurs mobiles ne se prêteront pas à ce jeu de suspension des appels sur IP. Du moins, si l’on en croît au régulateur de ce pays. Dans un entretien réalisé par Beaugas-Orain Djoyum pour le site web Le nouveau Gabon, Lin Mombo, le président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), indique que le président gabonais en personne, Ali Bongo Ondimba, a demandé que les appels sur VoIP ne soient bloqués en aucune manière. « Le président de la République Son Excellence Ali Bongo Ondimba n’est pas pour le blocage des appels Viber, Skype ou WhatsApp. Il reste aussi dans la démocratie de tout ce qui est NTIC. Il appartient aux opérateurs de trouver un arrangement, un terrain d’entente avec Skype, Viber, WhatsApp et les autres. Ceci afin que tout le monde puisse bénéficier de l’acheminement et de la portabilité de la voix dans le monde entier », confie Lin Mombo.
Avant le Sénégal, Maroc Telecom avait déjà été accusé en 2012 et en août 2014 de bloquer les appels via Viber et Skype. De même, Comores Telecom avait bloqué les appels VoIP en septembre 2013 et avait d’ailleurs subi les foudres des hackers qui ont piraté et diffusé des documents internes de l’entreprise en représailles à cette suspension.
Le président de l’Arcep qui a été récemment nommé par l’UIT et par ses pairs ambassadeurs des bonnes pratiques de régulation dans le monde donne son avis sur cette problématique et revient dans cet entretien sur ses nouvelles missions.