[Digital Business Africa] – En dehors de l’Asie et de l’Europe, respectivement premier et second producteur mondial de déchets électroniques (24,9Mt et 12Mt), l’Afrique génère également les déchets électroniques, même si ce n’est pas à l’échelle des plus grands pollueurs. Le continent noir a généré 2,9 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E) en 2019. Soit 2,5kg par habitant dans 49 pays africains. Ces D3E comportaient des matières premières d’une valeur de 3,2 milliards de dollars. En plus, seuls 13 pays africains sur les 43 analysés détiennent une politique nationale de régulation et de gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E).
C’est ce qu’on peut lire de la troisième édition de l’étude baptisée Global E-waste Monitor 2020, publiée le 03 juillet 2020 par le Global E-waste Statistics Partnership. Le Global E-waste Monitor 2020 est en effet le fruit d’une collaboration entre l’Union internationale des télécommunications (UIT), le programme SCYCLE (Sustainable Cycles) actuellement co-organisé par l’Université des Nations Unies (UNU), l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l’Association internationale des déchets solides (ISWA).
Des 2,9 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E) générés en Afrique 2019, l’on constate que les pays de l’Afrique du Nord sont les plus grands pollueurs. Avec en tête l’Egypte qui vient avec 585,8 kilotonnes (kt) de D3E générés en 2019. Il occupe également la première place en Afrique.
Réglementations à tâtons !
D’après cette étude, le nombre de pays qui ont adopté une politique, une législation ou une réglementation nationale en matière de déchets électroniques est passé de 61 à 78 entre 2014 et 2019. Toutefois, précise l’étude, dans de nombreuses régions, les progrès en matière de réglementation sont lents, l’application de la législation est faible et la collecte et la gestion des déchets électroniques sont insuffisantes. C’est le cas de l’Afrique.
Plus encore, et c’est à déplorer, l’on se demande pourquoi certains pays africains ayant adopté des réglementations et des programmes de recyclages pour faire face aux D3E tardent à implémenter ces programmes et réglementation. C’est par exemple le cas des pays comme le Togo, le Ghana, le Bénin et la Côte d’Ivoire.
Peu de pays africains ont une législation sur les déchets électroniques. L’on peut citer par exemple, l’Égypte, le Ghana, Madagascar, le Nigéria, le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Cameroun, la Côte d’Ivoire. Cependant, l’application de la législation est très difficile, précise l’étude.
Classement du Top 10 des plus grands producteurs des Déchets électroniques en Afrique
Pays | Déchets électroniques générés en kt en 2019 | Déchets électroniques générés en kg par habitant en 2019 | Disponibilité d’une législation en matière de déchets électroniques | |
1 | Egypte | 586 | 5,9 | Oui |
2 | Nigeria | 461 | 2,3 | Oui |
3 | Afrique du Sud | 416 | 7,1 | Oui |
4 | Algérie | 309 | 7,1 | Non |
5 | Maroc | 164 | 4,6 | Non |
6 | Angola | 125 | 4,2 | Non |
7 | Soudan | 90 | 2,1 | Non |
8 | Lybie | 76 | 11,5 | Non |
9 | Tunisie | 76 | 6,4 | Non |
10 | Ethiopie | 55 | 0,6 | Non |
Plus encore, le Global E-waste Monitor 2020 indique que la gestion des déchets électroniques en Afrique est dominée par des collecteurs et des recycleurs prospères du secteur informel. Il n’existe ni systèmes de reprise organisés, ni dispositions de licence pour le tri et le démantèlement des déchets électroniques, constatent les rédacteurs de l’étude. « Le contrôle gouvernemental de ce secteur est actuellement très minime et inefficace. La manipulation des déchets électroniques est souvent traitée dans les arrière-cours par décapage manuel pour retirer les cartes électroniques pour la revente, la combustion à ciel ouvert des fils pour récupérer quelques composants principaux (par exemple le cuivre, l’aluminium et le fer) et le dépôt d’autres composants en vrac, y compris les tubes cathodiques, dans des décharges ouvertes », peut-on lire dans cette étude qui prend pour exemple le site d’Agbogbloshie au Ghana, toujours considéré comme le plus grand dépotoir de déchets électroniques d’Afrique.
Pourtant, l’étude Global E-waste Monitor 2020 rappelle les bénéfices de l’économie circulaire que peuvent générer les D3E, (possibilité d’extraction dans les normes requises des matières premières d’une valeur de 3,2 milliards de dollars sur les 2,9 Mt de D3E produits en Afrique en 2019), mais aussi et surtout montre les dangers de leur mauvaise gestion comme c’est le cas actuellement dans de nombreux pays africains devenus dépotoirs de pays européens en matière de D3E.
Il existe néanmoins des solutions des compagnies qui ont développé une expertise dans la gestion et le recyclage de ces D3E avec pour effet non seulement de limiter les dangers de ces déchets sur la santé des populations, mais également de générer des fonds aux Etats par le biais de la collecte d’une écotaxe devant permettre à une meilleure gestion de ces D3E et permettre la formation des ressources compétentes. C’est par exemple le cas du programme SGS Renovo du groupe suisse SGS.
SGS Renovo
Ce programme SGS Renovo® figure aujourd’hui en Afrique parmi les meilleures réponses pour faire face aux D3E. Car non seulement elle collecte une écotaxe, mais également elle recycle dans les règles de l’art ces D3E tout en créant aussi des emplois.
En réalité, plus du fait que les pays africains produisent des D3E, tous les Etats africains ne disposent pas toujours des mécanismes efficaces de contrôle de l’état des équipements importés d’Europe qui sont largement déversés en Afrique. Face à ces déficits et face au manque des techniques de destruction de ces déchets électroniques en respectant les normes environnementales et de santé, comme le propose les experts, le groupe suisse SGS SA a mis en place le programme Renovo® qui a déjà démarré et/ou validé au Ghana, en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Burkina Faso.
SGS à travers SGS Renovo®, propose aux pays africains de concevoir, de planifier et de mettre en place un système autofinancé de gestion de ces D3E à grande échelle pour les pays. Cela passe par la collecte d’une éco-redevance anticipée. Le service couvre toutes les étapes : de la production à la récupération, du recyclage à l’élimination durable des déchets.
Dans ce programme, SGS se propose également, grâce au partenariat signé avec deux entités des Nations Unies (l’ONUDI et l’UNITAR), de former et d’encadrer le personnel local nécessaire pour traiter tous les types de déchets (appareils électriques et électroniques, pneus usagés et véhicules arrivés en fin de vie).
Ce qui permettra par ricochet la création de nouveaux emplois, mais également la création d’un nouveau secteur générateur de recettes et d’une base solide permettant d’accroître la sensibilisation aux comportements écologiques et au recyclage. « Le tout, pour donner lieu à une croissance significative », explique le groupe.
Toutefois, l’on se demande encore pourquoi des pays africains comme le Ghana, le Bénin, le Togo ou la Côte d’Ivoire prennent du retard dans la mise en place de ce programme SGS Renovo®. C’est à se demander si des lobbys des équipementiers et/ou des importateurs empêchent la mise en œuvre de ce programme ou alors incite les gouvernements africains à manquer d’intérêt à la gestion de ces D3E.
Au niveau mondial, il y a de plus en plus de D3E. Du fait de l’augmentation des revenus disponibles, de l’urbanisation et de l’industrialisation dans de nombreux pays en développement qui entraînent une augmentation des quantités importantes d’équipements électriques et électroniques (EEE) et, par conséquent, des quantités de D3E.
En 2019 donc, un record de 53,6 millions de tonnes métriques (Mt) de déchets électroniques – des produits mis au rebut avec une batterie ou une prise tels que les ordinateurs et les téléphones portables – ont été générés dans le monde, relève l’étude. Soit une augmentation de 9,2 Mt en cinq ans.
De graves dangers pour la santé humaine
Le Global E-waste Monitor 2020 précise à nouveau que de nombreuses études continuent à mettre en évidence les dangers pour la santé humaine de l’exposition à des toxines bien étudiées, comme le plomb. On peut lire dans ce travail de recherche que des études ont fait état d’associations entre l’exposition au recyclage informel des déchets électroniques et des résultats défavorables à la naissance des enfants (mortinatalité, naissance prématurée, âge gestationnel plus bas, poids et longueur de naissance plus faibles et scores APGAR plus faibles), une croissance accrue ou réduite, un développement neurologique altéré, des résultats d’apprentissage et de comportement défavorables, le fonctionnement du système immunitaire et la fonction pulmonaire.
Il importe donc aux décideurs de prendre au sérieux cette problématique et passer à l’action.
Par Beaugas Orain DJOYUM