Lutte contre les fake news : Meta abandonne les fact-checkeurs au profit des « notes communautaires », comme chez « X »

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[DIGITAL Business Africa] – À travers une vidéo postée sur sa page Facebook, Mark Zuckerberg a annoncé ce 7 janvier 2025 la fin des partenariats de fact-checking avec des tiers. La décision prise par le CEO de Meta met ainsi un terme à un programme établi en 2016 avec des organisations nationales et internationales de factchecking. Cette collaboration entre le groupe américain et ces organisations avait pour but de lutter contre les fake news.

Mark Zuckerberg annonce qu’il passera désormais à un modèle de notes communautaires comme chez son concurrent X.

« Nous avons vu cette approche fonctionner sur X, où ils donnent à leur communauté le pouvoir de décider quand les publications sont potentiellement trompeuses et nécessitent plus de contexte, et les personnes de divers horizons décident quel type de contexte est utile pour les autres utilisateurs. Nous pensons que cela pourrait être une meilleure façon d’atteindre notre intention initiale de fournir aux gens des informations sur ce qu’ils voient – et une méthode moins sujette aux biais », a-t-il expliqué.

En effet, Meta explique que lorsqu’ils ont lancé leur programme de vérification des faits indépendant en 2016, ils avaient clairement indiqué qu’ils ne voulaient pas être des arbitres de la vérité. Ils ont donc fait ce qu’ils pensaient être le meilleur et le plus raisonnable choix à l’époque, à savoir confier cette responsabilité à des organisations indépendantes de vérification des faits.

L’objectif du programme était de permettre à ces experts indépendants de fournir aux internautes plus d’informations sur ce qu’ils voient en ligne, en particulier les canulars viraux, les fake news être autres informations douteuses afin qu’ils puissent juger par eux-mêmes ce qu’ils voient et lisent.

Malheureusement, confesse Joel Kaplan, nouveau Chief Global Affairs Officer chez Meta, ce n’est pas ainsi que les choses se sont déroulées, en particulier aux États-Unis.

« Les experts, comme tout le monde, ont leurs propres préjugés et points de vue. Cela s’est reflété dans les choix de certains sur ce qu’ils devaient vérifier et comment. Au fil du temps, nous nous sommes retrouvés avec trop de contenu vérifié que les gens pouvaient comprendre comme un discours et un débat politiques légitimes. Notre système a ensuite attaché de réelles conséquences sous la forme d’étiquettes intrusives et d’une diffusion réduite. Un programme destiné à informer est trop souvent devenu un outil de censure », explique Joel Kaplan.

D’où le changement de paradigme et l’adoption des Notes communautaires.

Un tournant majeur

Ceci représente un tournant majeur dans la mesure où Mark Zuckerberg se rapproche davantage de Donald Trump et d’Elon Musk dont l’initiative est citée dans la vidéo de Mark Zuckerberg.

En effet, en août 2024, Mark Zuckerberg a laissé passer une menace personnelle de Donald Trump sans y répondre. Le nouveau président américain avait déclaré que Zuckerberg « passerait le reste de sa vie en prison » s’il faisait « quoi que ce soit d’illégal » pour influencer l’élection présidentielle. Meta n’avait pas commenté cette déclaration.

Pendant la campagne présidentielle, le comité d’action politique de Meta n’a fait aucun don aux principaux candidats, même si les employés de Meta ont donné généreusement à la vice-présidente Kamala Harris – près de 2 millions de dollars, selon le site de transparence OpenSecrets.

Après l’élection du 5 novembre denier, Mark Zuckerberg a envoyé ses vœux de succès à Donald Trump. Le mois dernier, comme le rapporte plusieurs médias, Meta a déclaré avoir fait don d’un million de dollars au fonds d’investiture de Trump.

La semaine dernière, Zuckerberg a nommé Joel Kaplan, un proche du parti républicain, au poste de directeur de la politique mondiale de Meta, en remplacement de Nick Clegg, un ancien vice-Premier ministre britannique dont le bilan était moins conservateur que celui de Kaplan.

Plus encore, lundi dernier, Meta a annoncé la nomination de nouveaux membres de son conseil d’administration, dont Dana White, PDG de l’Ultimate Fighting Championship et ami de longue date de Trump.

Plusieurs observateurs indiquent que la rapidité avec laquelle Zuckerberg a changé de ton politique est époustouflante.Toute chose qui laisse savoir que les conseillers politiques et des cadres de Meta qui ont des profils républicains ont du vent en poupe chez Meta.

Les notes communautaires

En rappel, le but du programme Notes de la Communauté est de contribuer à une meilleure information, en permettant aux utilisateurs de X d’ajouter des notes utiles à des posts susceptibles d’être trompeurs, et cela de manière collaborative. Un modèle open source et transparent.

Dans le modèle de X, les contributeurs rédigent et évaluent des notes. Plus le programme compte de participants, meilleure est sa qualité.

Seules les notes évaluées comme utiles par des personnes aux points de vue divers apparaissent sur les posts. Ce n’est pas X qui choisit ce qui est affiché, mais les utilisateurs.

Evidement, ce n’est pas une décision qui plait à la communauté mondiale des factcheckeurs. Notamment les membres de l’International Fact-Checking Network. Ce 09 janvier, ils ont écrit une lettre ouverte à Mark Zuckerberg désapprouvant cette décision:

« Vous avez déclaré que vous prévoyez de lancer un programme de notes communautaires similaire à celui de X. Nous ne pensons pas que ce type de programme entraînera une expérience utilisateur positive, comme X l’a démontré. Les recherches montrent que de nombreuses notes communautaires ne sont jamais affichées, car elles dépendent d’un consensus politique généralisé plutôt que de normes et de preuves d’exactitude. Malgré tout, il n’y a aucune raison pour que les notes communautaires ne puissent pas coexister avec le programme de vérification des faits tiers ; elles ne s’excluent pas mutuellement. », écrivent-ils.

Mark Zuckerberg qui adopte cette approche de Notes communautaires promet d’autoriser plus de discours en levant les restrictions sur certains sujets qui font partie du discours mainstream et en concentrant leurs applications sur les violations illégales et de haute gravité.

« Il est temps de revenir à nos racines autour de la liberté d’expression sur Facebook et Instagram. J’ai créé des réseaux sociaux pour donner la parole aux gens. J’ai prononcé un discours à Georgetown il y a cinq ans sur l’importance de protéger la liberté d’expression, et j’y crois toujours aujourd’hui. Mais beaucoup de choses se sont passées ces dernières années », a déclaré Mark Zuckerberg

Par Beaugas-Orain DJOYUM et Jean Materne Zambo 

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