(TIC Mag) – Le Cameroun abrite depuis le 21 novembre 2016 le premier colloque international pluridisciplinaire sur les réseaux sociaux. Thème général des discussions organisées par le Département des Sciences du langage de l’Université de Yaoundé I : “Réseaux et médias sociaux en contexte : quels acteurs pour quelles appropriations et quelles significations ?”. A l’ouverture de cette rencontre, la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a montré qu’il était important d’utiliser les réseaux sociaux.
Un discours qui va à l’encontre de certains dirigeants camerounais qui assimilent les réseaux sociaux au terrorisme. Selon la ministre, « les avantages et bénéfices procurés par les réseaux sociaux sont nombreux, tout autant que les défis à relever pour tirer parti de ses multiples et énormes potentialités ». « Ce colloque vient à point nommé pour fédérer les énergies et mener une réflexion utile à l’essor des réseaux sociaux dans notre pays, et pourquoi pas, servir de contribution à l’essor des réseaux sociaux dans le monde, qui grâce aux TIC, est devenu un village planétaire », indique la ministre des Postes et Télécommunications.
Parmi les premières réflexions, Minette Libom Li Likeng évoque la nécessité de protéger les données privées des utilisateurs camerounais des réseaux sociaux, qui, on le sait, ne sont pas pour la plupart des réseaux sociaux camerounais et encore moins africains. « Le modèle économique qui est celui des principaux acteurs des réseaux sociaux (Facebook, YouTube, WhatsApp, etc.), reposant sur une collecte d’informations à des fins commerciales, incline vers une utilisation des données des utilisateurs en violation de leurs droits de propriété ou sans respect de leur vie privée », affirme la ministre qui estime qu’il est nécessaire de renforcer la confiance des utilisateurs des réseaux sociaux. Pour cela, la ministre indique qu’il est plus que jamais important de renforcer le cadre législatif et réglementaire pour protéger davantage les droits des utilisateurs camerounais du secteur du numérique en général, et des réseaux sociaux en particulier.
Minette Libom Li Likeng signale par ailleurs que le Plan stratégique Cameroun numérique 2020, qui est en train d’être étoffé en ce moment, notamment en ses volets Plan d’action prioritaire pour renforcer sa dimension transversale, préconise une revue des lois sur les communications électroniques, le commerce électronique, la propriété intellectuelle, la cybersécurité et la cybercriminalité au Cameroun, en associant toutes les parties prenantes, afin de les adapter à ce nouvel environnement. Et la ministre d’ajouter que ce Plan stratégique « prévoit également l’élaboration d’une loi pour la protection des données à caractère personnel, en encadrant le processus de collecte, de traitement, de transmission, de stockage et d’usage de telles données, pour lutter contre les atteintes à la vie privée. Le projet de loi y relatif est d’ailleurs déjà en chantier ». Elle explique que la gratuité des services des réseaux sociaux impose en contrepartie une collecte des informations privées qui sont utilisées par les propriétaires de ces réseaux sociaux à des fins commerciales, notamment par le biais de la publicité.
Importance des réseaux sociaux
La ministre Minette Libom Li Likeng a également reconnu lors de l’ouverture de ce colloque que « les réseaux et médias sociaux sont au cœur de l’innovation et apportent une importante valeur ajoutée dans l’écosystème de l’économie numérique ». Même le président de la République, en précurseur, dit-elle, l’a compris en exaltant la « génération Androïd », et en décidant d’offrir 500 000 ordinateurs aux étudiants des universités.
Mais, afin de mieux utiliser les réseaux sociaux, il faut relever le défi de la qualité des infrastructures numériques qui permettront d’avoir une parfaite connexion sur ces réseaux sociaux. A cet effet, Minette Libom li Likeng cite certains projets comme celui de l’extension du réseau national à fibre optique pour porter le linéaire de 8 000 Km à 20 000 km, avec raccordement de tous les chefs-lieux de région, de département et d’arrondissement, des villes portuaires et universitaires ; le projet de construction de deux points d’échange Internet dans les villes de Yaoundé et Douala qui sera être bientôt opérationnel, annonce la ministre. Ce qui permettra aux fournisseurs de services Internet d’échanger du trafic sans emprunter le réseau international, entraînant ainsi une amélioration de la qualité de service et la réduction des charges supportées pour la connectivité internationale.
Ce premier colloque international pluridisciplinaire sur les réseaux sociaux prend fin ce 23 novembre 2016 à Yaoundé est organisé sous le co-patronage du ministère de l’Enseignement supérieur et du ministère de la Communication.
Libres propos de Minette Libom li Likeng
« Un réseau social désigne un ensemble de personnes réunies par un lien social. À la fin des années 1990, des réseaux sociaux sont apparus sur Internet, réunissant des personnes via des services d’échanges personnalisés, chacun pouvant décider de lire les messages de tel ou tel autre utilisateur.
Du point de vue marketing, le terme de réseaux sociaux désigne généralement l’ensemble des sites internet permettant de se constituer un réseau d’amis ou de connaissances professionnelles et fournissant à leurs membres des outils et interfaces d’interactions, de présentation et de communication. Le succès d’audience des principaux réseaux sociaux en a fait des supports marketing et publicitaires souvent incontournables.
Les réseaux sociaux qui s’appuient sur des plateformes et assurent l’échange et le partage de données (messages, musique, vidéo ou autres) entre des communautés d’utilisateurs, provoquent une explosion de la demande en infrastructures de communications et TIC, du fait de la croissance exponentielle du nombre d’inscrits sur lesdits réseaux ainsi que du volume des données échangées. Ils ont révolutionné le modèle économique qui était jusque-là pratiqué, en mettant à disposition un service gratuit dans sa version de base, en contrepartie d’une collecte d’information utilisée à des fins commerciales, notamment par le biais de la publicité. »