(TIC Mag) – A la faveur d’un accord signé le 19 mai 2017 à Brazzaville entre la République du Congo représentée par le directeur général de l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (Arpce), Yves Castanou, et l’Union africaine représentée par Moses Bayingana, expert en TIC et Infrastructures à l’Union africaine, le point d’échange Internet du Congo (CGIX) a été désigné point d’échange sous régional de l’Afrique centrale (RIXP).
Certains observateurs ont alors laissé entendre que c’était un moyen pour la Commission de l’Union africaine de retirer au point d’échange du Gabon (GAB-IX) son titre de point d’échange Internet sous régional au profit de celui du Congo. Pour avoir l’information sûre et exacte sur ce sujet, TIC Mag s’est rapproché de la Commission de l’Union africaine, a sollicité et obtenu les explications de Moctar Yedaly, le Chef de la Division de la société de l’information de la Commission de l’Union africaine. C’est lui qui coordonne à l’Union africaine la mise en place de ces points d’échange sous régionaux.
D’après lui, la Commission de l’UA soutient deux points d’échange dans la région de la CEEAC. Il explique par ailleurs les conditions pour être désigné point d’échange sous régional et ses avantages. Interview.
TIC Mag : L’Union africaine a signé un accord avec le Congo pour que son point d’échange Internet (CGIX) soit considéré comme le point d’échange sous régional de l’Afrique centrale (RIXP). Est-ce à dire que le point d’échange du Gabon (GAB-IX) désigné par l’UA en 2015 comme point d’échange sous régional n’est plus considéré comme tel ?
Moctar Yedaly : Pour le moment, la Commission de l’Union africaine soutient deux points d’échange dans la région de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) : Le GAB-IX au Gabon et le CGIX au Congo Brazza. Donc, le GABIX demeure un point d’échange Internet régional. D’une façon générale, nous encourageons tous les autres points d’échange Internet de la région de devenir aussi des points d’échanges régionaux. Un maillage du réseau ne se fera qu’en augmentant les performances et en encourageant l’intégration et l’interconnexion régionale. Simplement, il faut que les capacités du projet en cours se limitent à deux.
TIC Mag : Quels sont les critères à remplir pour être désigné par la Commission de l’Union africaine comme point d’échange sous régional ?
Moctar Yedaly : Dans le cadre du projet AXIS (African Internet Exchange System ou encore Système d’échange Internet en Afrique, ndlr), la sélection d’un point d’échange sous régional se fait à travers un appel d’offres à partir duquel les pays candidats font des propositions. Ces propositions sont évaluées par un Comité mis en place par la Commission de l’Union africaine conformément à des critères préalablement établis.
Parmi ces critères, on peut en relever trois principaux. Premièrement, le point d’échange Internet doit être exploité par au moins trois membres qui font du Peering (selon les experts, le Peering est une interconnexion volontaire de réseaux Internet administrativement séparées dans le but d’échanger du trafic entre les clients de chaque réseau, ndlr) entre eux. Deuxièmement, le point d’échange Internet doit avoir business model ou plan d’affaires durable. Et troisièmement, le point d’échange doit avoir le soutien des acteurs privés et publics du pays qui l’héberge.
TIC Mag : Quels sont les avantages et bénéfices pour les pays qui hébergent un point d’échange Internet sous régional ?
Moctar Yedaly : Le pays qui abrite un point d’échange sous régional attire du trafic, optimise ses infrastructures et par conséquent est prédisposé a plus de partenariats régionaux et internationaux. Et surtout, disposer d’un point d’échange Internet sous régional augmente la responsabilité et la fierté nationale.
Propos recueillis par Beaugas-Orain DJOYUM