Le groupe sud-africain de télécommunications va fêter cette année 2014 son vingtième anniversaire. Avec 208 millions d’abonnés, dont 160 millions en Afrique, le groupe reste le leader de la téléphonie mobile en Afrique. Son principal marché africain, le Nigeria (avec 56,8 millions d’abonnés et de CA en 2013), suivi de l’Afrique du Sud (avec 25,7 millions d’abonnés et de CA en 2013).
Viennent ensuite le Ghana (avec 12,9 millions d’abonnés), l’Ouganda (8,8 millions d’abonnés) et le Soudan (8,7 millions d’abonnés), le Cameroun (8,7 millions d’abonnés), la Côte d’Ivoire (7,1 millions d’abonnés). Dans la plupart de ces pays, MTN est le leader local en termes d’abonnés (voir tableau ci dessous). De quoi réjouir le staff dirigeant du groupe : « MTN est toujours le pionnier qu’il a été au début des années 1990, allant courageusement là où les autres avaient peur d’aller : connectant les populations et faisant la différence. Parti d’une seule licence en Afrique du Sud décernée en 1994, MTN a investi des centaines de milliards de rands dans les réseaux et les licences pour connecter aujourd’hui 208 millions de personnes dans 22 pays à travers l’Afrique et le Moyen-Orient », se réjouit le groupe.
Si hier le groupe misait sur les stratégies pouvant davantage maximiser les gains liés aux appels téléphoniques, l’orientation a aujourd’hui changé. L’avenir est dans les données et Internet. D’ailleurs, pour l’année 2013, MTN a annoncé le 5 mars dernier un chiffre d’affaires en hausse de 12%, à 9,4 milliards d’euros (136,5 milliards de rands). Une hausse essentiellement due au bond spectaculaire du segment data. En 2013, les recettes data ont augmenté de 41,4% à 20,7 milliards de rands (1,4 milliard d’euros). « Les données ont contribué à 15,1% des recettes totales. Le nombre de smartphones sur le réseau a augmenté de 63,1% à 6,2 millions à la fin de décembre. Comme nous continuons d’investir dans le réseau 3G, à l’avenir, nous allons être mieux placés pour étendre notre offre de données », explique Sifiso Dabengwa le président et CEO du groupe en commentant les résultats de 2013.
Le tout numérique
A ce titre, il faut noter que c’est le Nigeria qui tire la croissance du groupe. Si les revenus « données » ont progressé, c’est également dû aux investissements de MTN dans ce segment. En 2013, dans le cadre des dépenses d’investissement, le groupe a déboursé 30,2 milliards de rands pour le déploiement de 5 161 sites 2G et de 4 413 sites 3G. La même année, précise Sifiso Dabengwa, 2743 sites 2G et 1607 sites 3G ont été mis en service. L’internet est donc capital pour le groupe. « Nous pensons que cela sera une partie importante de nos activités et que le digital représentera dans les prochaines années une partie sensible de nos revenus. Nous avons commencé avec l’e-commerce, une activité encore peu développée, via Africa Internet Holding et Middle-East Internet Holding », précise le président du groupe. « L’innovation est essentielle pour maintenir un avantage compétitif et nous avons mis en place un certain nombre d’initiatives à l’appui, telles que notre investissement dans le Fonds Amadeus IV Digital Prosperity ainsi que l’établissement d’une plateforme intégrée pour s’assurer que nos filiales partagent les idées et les meilleures pratiques », poursuit Sifiso Dabengwa.
Le PDG ne jure donc plus que par le digital : « Nous croyons qu’offrir la technologie et fournir plus de services via Internet est la plus grande source d’opportunités, d’autant plus que la pénétration de l’internet dans les pays où nous disposons d’un réseau est encore faible. Nous ambitionnons donc d’accroître notre présence dans l’espace numérique et de profiter de la croissance du trafic de données et des solutions TIC. » Aussi, MTN va conclure avec l’incubateur mondial des jeunes sociétés digitales Rocket Internet (Rocket), dans la première moitié de 2014, un partenariat. Partenariat qui a déjà été matérialisé par la signature de deux accords : le premier, entre Rocket et Millicom International Cellular, a pour but de développer les activités de MTN sur Internet en Afrique à travers l’Africa Internet Holdings (AIH) ; dans le deuxième, Rocket et MTN deviennent actionnaires à 50% chacun de Middle East Internet Holding pour développer les services internet et digitaux de MTN au Moyen-Orient.
Mobile money
Il n’y a pas que le digital. Le groupe sud-africain mise aussi sur son service de paiement mobile, MTN Mobile Money. Ici, le groupe ne veut pas seulement acquérir de nouveaux clients, mais surtout augmenter le volume des transactions dans ce service. MTN Mobile Money revendique déjà 14,8 millions d’abonnés. En mars dernier, le groupe a signé un partenariat avec Ecobank pour offrir ce service dans douze pays africains (Bénin, Cameroun, Côte-d’Ivoire, Ghana, Guinée-Bissau, République de Guinée, Liberia, Congo Brazzaville, Rwanda, Soudan du Sud, Ouganda et en Zambie). Les usagers de MTN Mobile Money, également clients d’Ecobank, pourront donc bientôt retirer de l’argent dans les distributeurs automatiques d’Ecobank. Ils auront aussi la possibilité de transférer de l’argent entre leurs comptes MTN mobile Money et Ecobank.
Nelson Mandela
Le groupe né la même année que l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud et la même année que la célèbre prestation de serment de Nelson Mandela, ne peut que se réjouir d’être à l’avant-garde de l’innovation. C’est la première compagnie à avoir lancé le réseau 4G (LTE) en Afrique du Sud en 2011. Elle promet un « nouveau monde digital » aux abonnés de ses 22 filiales. Mais un accent reste à mettre sur l’amélioration de la qualité de son réseau et sur la baisse du coût de ses services, encore jugés assez onéreux dans certains pays.
MTN en Afrique
Chiffre d’affaires 2013 : 13 milliards de dollars
Cash flow opérationnel : 5,7 milliards de dollars
EBITDA : 5,6 milliards de dollars
Nationalité : sud-africaine
Effectif : 25 424 employés dans le monde
Nombre de clients : 160 millions d’abonnés mobiles en Afrique (207,8 millions dans le monde)
Investissements en 2013 (CAPEX) : 2,8 milliards de dollars
MTN dans le monde
Afghanistan, Bénin, Botswana, Cameroun, Côte d’Ivoire, Chypre, Ghana, Guinée-Bissau, République de Guinée, Iran, Liberia, Nigeria, République du Congo (Congo Brazzaville), Rwanda, Afrique du Sud, Soudan, Soudan du Sud, Swaziland, Syrie, Ouganda, Yémen et Zambie. MTN a également des licences de FAI en Namibie et au Kenya, et une licence de services à valeur ajoutée en Ethiopie.
MTN dans ses principaux marchés en 2013
Pays |
Nombre d’abonnés en 2013 |
Chiffre d’affaires (en millions de rands SA) |
Part de marché |
Technologies utilisées |
Nigeria |
56,8 millions |
48 159 |
49,4% (N°1) |
2G (87%) 3G (49%) WiMAX (11%) |
Iran |
41,3 millions |
9 514 |
46,5% (No 2) |
2G – 83% WiMAX – 23% |
Afrique du Sud |
25,7 millions |
39 707 |
34,6% (No 2) |
2G – 99% 3G – 76% LTE – 5% |
Ghana |
12,9 millions |
8 269 |
50,2% (N°1) |
2G (80%) 3G (26%) |
Cameroun |
8,7 millions |
5 204 |
59,3% (N°1) |
2G – 90% WiMAX – 46% |
Côte d’Ivoire |
7,1 millions |
5 480 |
37,8% (N°1) |
2G – 93% 3G – 36% WiMAX – 40% |
Ouganda |
8,8 millions |
4 467 |
53,5% (No 1) |
2G – 78% 3G – 24% WiMAX – 15% LTE – 1% |
Soudan |
8,7 millions |
2 496 |
33,8% (No 2) |
2G – 65% 3G – 34% |
Syrie |
5,8 millions |
3 229 |
43,7% (No 2) |
2G – 65% 3G – 30% |
Par Beaugas-Orain Djoyum pour le magazine Réseau Télécom No 69-70