[DIGITAL Business Africa] – Lancé au mois de juillet 2022 par Roger Kamgaing, ancien vice-président exécutif pour les services aux gouvernements et aux institutions du groupe suisse SGS, le cabinet Africa Smarts Today vient de signer un accord avec la Direction des Douanes malgache. Objectif, s’assurer que les sociétés d’inspection qui contrôlent les importations dans le pays ne génèrent pas des marges plus importantes au détriment des États et des citoyens.
D’après Roger Kamgaing, il s’agit du premier mandat d’envergure sous l’égide de AST avec la Direction Générale des Douanes de Madagascar (DGD). Un accord qui s’inscrit dans le cadre Plan stratégique de la douane lancé en 2020 qui comprend 31 mesures de modernisation, actuellement réalisées à environ 50%.
« L’une de ses mesures est la mise en place d’un centre de la valeur encore plus performant afin de poursuivre dans la voie de l’augmentation des recettes fiscales amorcée depuis quelques années par Mr Ernest Zafianona Lainkana et ses équipes de direction et opérationnelles particulièrement performantes », explique le fondateur d’Africa Smart Today dans un post sur LinkedIn.
Africa Smarts Today s’est en effet donné pour mission de renforcer l’économie africaine de l’intérieur. Ceci en proposant aux décideurs locaux des solutions commerciales numériques permettant aux gouvernements de créer une croissance durable inclusive.
Son fondateur Roger Kamgaing croît en effet que la technologie numérique peut être la grande force de cette transition et croissance économiques. D’où son engagement à travers Africa Smarts Today à convaincre les gouvernements que le développement des infrastructures numériques par l’investissement, la formation et le renforcement des capacités dans ce secteur est ce dont l’Afrique a besoin pour stimuler une croissance économique inclusive. Le gouvernement malgache fait partie des premiers gouvernements convaincus par son offre.
Dans cet entretien avec Digital Business Africa, Roger Kamgaing revient sur les détails de son accord avec les douanes malgaches et indique comment cela sera bénéfique pour Madagascar.
Digital Business Africa : L’accord entre Africa Smarts Today et les Douanes malgaches que vous annoncez sur LinkedIn semble un premier grand pas pour Africa Smarts Today. De quoi s’agit-il exactement ?
Roger Kamgaing : Le mandat avec le Gouvernement Malgache est motivé par la volonté de la Direction des Douanes de renforcer les capacités internes et de moderniser l’organisation. Elle s’inscrit dans un plan stratégique très complet et particulièrement ambitieux mis en place depuis quelques années.
Digital Business Africa : Quel est l’impact réel de la digitalisation dans ce secteur ?
Roger Kamgaing : Une stratégie digitale correctement menée permet d’améliorer les services notamment en termes de transparence et aussi de réduction des couts de production y compris des services. Ainsi par exemple dans le domaine du TIC, les compagnies ont réussi à réaliser des gains de productivité de 70% ou plus.
Ces gains de productivité dans l’inspection physique sont donc de nature à générer des marges très importantes pour les sociétés d’inspection. La question est de donc de savoir comment est « partagée » cette marge. Elle peut aussi servir à réduire les couts de services pour les clients afin de la fidéliser.
Le défi se pose dans le cas ou des Gouvernements externalisent leurs services à des fournisseurs de services externes. Dans ce cas il appartient aux Gouvernements de s’assurer, surtout dans un climat global de lutte contre la vie chère et ou finalement le coût final est supporté par le consommateur, de tomber d’accord avec ses prestataires afin que ces gains soient partagés et ne restent pas accaparés par les fournisseurs.
Digital Business Africa : La digitalisation va-t-elle donc également aider à changer les modes de rémunération des sociétés d’inspection ?
Roger Kamgaing : Absolument ! Surtout que dans le contexte actuel d’une inflation galopante notamment sur les produits tels que le sucre ou le blé, la farine, la rémunération des prestataires augmente parfois de manière mécanique et sans réelle corrélation avec une activité plus importante. La digitalisation va donc permettre également de changer les modes de rémunération des sociétés d’inspection en général.
A l’origine, une facturation sur la base de la valeur des marchandises était le « moins mauvais moyen » de tenir compte de la charge de travail. On pouvait en effet légitimement construire une relation entre la valeur d’une marchandise et les quantités devant être inspectées, à travers le temps passé. Lorsque les modes d’opérations changent et que l’élément « temps », l’élément « distance à parcourir jusqu’au site » ou le nombre d’inspecteurs nécessaires pour faire les inspections ne deviennent plus déterminant, une facturation en % de la valeur ne se justifie plus nécessairement.
Tous ceci fera partie de ma mission auprès des Douanes malgaches. C’est-à-dire, les aider à trouver les meilleurs services au meilleur prix.
Digital Business Africa : A travers cet accord, qu’attendent concrètement les douanes malgaches ?
Roger Kamgaing : Concrètement, nous allons mettre en place un Centre national de la valeur qui sera doté d’outils technologiques comme une plateforme nationale d’inspection physique, de renforcement de la cellule d’inspection par scanner, de meilleur contrôle dans le cadre des opérations d’e-Commerce ; mais aussi d’informations sur les prix des produits dans les pays d’exportation et de gestion des bases de données.
Par ailleurs, ce centre sera doté d’un système de gestion de la qualité grâce à des certifications ISO, l’objectif ultime étant de rendre un meilleur service aux importateurs et exportateurs. Un meilleur service à un moindre coût.
Propos recueillis par Beaugas-Orain DJOYUM
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