Sénégal : Comment le nouveau président Bassirou Diomaye Faye entend révolutionner le secteur du numérique

[DIGITAL Business Africa] – De prisonnier du pénitencier du cap Manuel, situé à l’extrême sud de Dakar, il y a dix jours, à patron en chef du Palais de la République, résidence du Président de la République située dans le quartier du Plateau à Dakar, capitale du Sénégal.

C’est la formidable histoire de Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, qui a reçu ce lundi 25 mars 2024, au lendemain d’une campagne électorale éclair et d’une élection présidentielle courue,  la reconnaissance de sa victoire par Amadou Ba, son principal adversaire. Adversaire principal n’étant que le candidat de l’Alliance pour la république (APR), le parti présidentiel et de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yaakaar, portée et soutenue par le président de la République sortant Macky Sall.

Bassirou Diomaye Faye, candidat du Pastef, est donc élu président du Sénégal, dès le premier tour. Si l’on est encore dans l’attente des résultats officiels, le projet de société qu’il a porté et défendu aux côtés de son ami et mentor Ousmane Sonko, a séduit la majorité des Sénégalais.

De manière générale, Bassirou Diomaye Diakhar FAYE est convaincu qu’une indépendance intégrale du Sénégal ne peut se faire sans une maîtrise de l’économie, de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture. « Nous sommes pleinement tournés vers la réalisation de la souveraineté alimentaire, numérique, fiscale, énergétique et scientifique », martèle-t-il dans son programme de société.

Digital Business Africa vous rappelle les ambitions et projets défendus par Bassirou Diomaye Faye dans le secteur du numérique, des TIC, de la Tech et des télécoms. Ici, dans son projet de société, il fait le diagnostic et apporte des solutions :

Pour une recherche scientifique et une innovation technologique levier du développement socio-économique

Le système national de recherche scientifique et d’innovation ne génère pas suffisamment de valeurs pour s’autofinancer ou s’affranchir du budget de l’État. La recherche scientifique au Sénégal est tributaire du budget de l’État et de ses bailleurs pour l’essentiel. Aussi, en se tournant vers des problématiques non-prioritaires pour le pays, il se déconnecte en même temps des chaines de valeurs de l’économie nationale. Cela est peut-être dû aux financements des bailleurs de fonds qui couvrent, pour I‘essentiel, leurs propres projets d’investissement.

II se pose aussi clairement un problème de transfert des résultats de la recherche appliquée aux acteurs économiques pour la création de valeurs ajoutées. Le secteur du numérique qui se nourrit d’innovations technologiques en permanence, représente un des principaux moteurs de développement du Sénégal par sa contribution à la croissance du PIB supérieure a 10% environ. C’est pourquoi, nous accordons une importance primordiale à ce secteur qui doit accélérer le développement socio-économique.

  1. La réorganisation du système national de recherche, une priorité absolue
  • Nous créerons un Conseil National de coordination et de concertation sur les questions de recherche et d’innovation technologique. Il jouera un rôle clé dans la redéfinition sur une base pluriannuelle, des domaines prioritaires de recherche pour notre pays ;
  • Nous mettrons en place une politique nationale de science, technologie et innovation, adossée à une loi d’orientation de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (LORSI) pour sa mise en œuvre ;
  • Nous réformerons et renforcerons l’Agence Nationale de la Recherche Scientifique Appliquée (ANSRA) pour en faire un puissant instrument de valorisation des résultats de la recherche et dont l’une des principales missions serait d’étudier sur les plans technique, socio-économique, juridique et financier, les modalités pratiques d’exploitation, à des fins productives de tous les résultats de la recherche. L’ANSRA constituera également une passerelle entre le milieu de la recherche et le secteur privé ;
  • Nous mettrons l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) et l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA) sous la tutelle du Ministère en charge de la recherche afin d’unifier la chaîne de décision.
  1. L’amélioration de la gouvernance, du financement et de la construction des infrastructures de recherche et de l’innovation
  • Nous réaliserons une cartographie de la recherche et de l’innovation et créerons/renforcerons des structures nationales de recherche sur les domaines prioritaires en Science, Ingénierie, Technologie et Innovation (SITI) ;
  • Nous mettrons en place des programmes nationaux de recherche alignés sur les besoins du pays et les infrastructures dédiées ;
  • Nous mettrons en place un programme de modernisation des Infrastructures et d’Équipements pour la Recherche et l’Innovation (PMIERI) ;
  • Nous remplacerons le Fond d’impulsion pour la Recherche scientifique et technologique (FIRST) par le Fond National pour le Développement de la Recherche et de l’Innovation (FNDRI) qui sera un fond autonome, doté d’un conseil d’administration avec une gouvernance transparente ;
  • Nous impliquerons le secteur privé dans la définition, l’élaboration et la réalisation de programmes prioritaires de recherche, afin de les amener à contribuer au financement et à valoriser les résultats de la recherche et à contribuer à la démultiplication des prototypes des innovateurs.

3- Le cadre normatif de l’économie numérique

  • Nous œuvrerons à la mise à jour et à l’harmonisation des cadres normatifs relatifs à l’économie numérique (UEMOA, CEDEAO) et à la confection d’un projet commun de protection des usagers africains du numérique, à l’image de ce que certains pays européens ont fait pour le règlement général sur la protection des données RGPD relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel.

– Nous favoriserons la mise en place de Datacenter souverains, publics et privés, connectés à très hauts débits sur internet avec des tarifs d’hébergement compétitifs par rapport à l’offre internationale ;

-Nous pérenniserons l’interopérabilité des réseaux, services et applications numériques au sein de l’Administration ;

  • –  Nous recenserons le patrimoine numérique de l’Etat et renégocierons les contrats de concession y afférents dans l’intérêt du peuple sénégalais ;
  • –  Nous mettrons en place un cadre de mutualisation des infrastructures publiques numériques ;
  • –  Nous renforcerons les textes de loi pour apporter les garanties de sécurité et de protection des données des patients dans le cadre du programme de digitalisation de la santé ;
  • –  Nous adopterons une loi incitative d’utilisation des solutions cloud locales et d’hébergement des données sensibles des entités dites d’importance vitale au sein du territoire ;
  • Nous doterons le Sénégal :
    – D’une administration publique digitalisée et performante capable de relever les défis de la nouvelle économie et ses conséquences sur la société. Il s’agira de capitaliser sur les acquis pour consolider la confiance du citoyen sénégalais, la sécurité ( juridique, économique et sociale) et la pérennité du système économique ;
  • –  D’un système de cybersécurité et cyberdéfense aux standards mondiaux capable de faire face à toute menace « cyber » qu’elle soit locale ou globale ;
  • –  D’un cadre incitatif et sécurisé pour l’entreprenariat numérique afin de permettre l’éclosion d’un écosystème national performant, prioritaire sur la commande nationale et capable de prendre en charge la demande en produits et services numériques des autres secteurs de l’économie nationale.
  • Nous relèverons le défi de l’accès à internet sur tout le territoire sénégalais.

Dans le secteur de la santé

. Le système informatique et le système d’information

  • Nous mettrons en place le Dossier Patient Informatisé (DPI) à travers :
  • –  La constitution d’une base de données de santé accessibles aux intervenants dans les Hôpitaux et établissements de santé ;
  • –  L’implication des professionnels de la santé, des administrateurs et des informaticiens dans cette phase de planification de la mise en place d’un DPI tout en mettant l’accent sur la sécurité des données ;
  • –  La mise à disposition d’un système de gestion des dossiers médicaux électroniques, avec comme avantage un meilleur suivi des malades par une maîtrise de leurs antécedents ;
  • –  La collecte et la numérisation des données existantes et futures (rapports de laboratoire, les images médicales et les antécédents médicaux etc.) et leur intégration à d’autres systèmes d’information pertinents tels que les systèmes de laboratoire, de radiologie et de pharmacie.
  • Nous mettrons en place un Entrepôts de données de Santé (EDS). Cet entrepôt enrichira les unités de recherche et permettra de disposer d’un monde médical collaboratif où chaque sénégalais pourra y contribuer en partageant ses données médicales de façon anonyme et sécurisée pour le bien de tous.

Dans le domaine de l’administration publique

  1. La modernisation de l’administration publique
  • Nous instaurerons la numérisation de l’administration en dématérialisant toutes les procédures administratives régulières ;
  • Nous réformerons le mode de recrutement des employés de l’administration publique en rendant le concours et l’appel à candidature systématique pour tout recrutement dans la fonction publique ;
    • Nous veillerons au respect d’un traitement équitable entre tous les employés de l’administration selon la hiérarchie et le corps en appliquant les conclusions sur l’étude de la rémunération ;
    • Nous mettrons en place un mécanisme de suivi-évaluation avec des indicateurs de performance pertinents ;
    • Nous mettrons en place une nouvelle politique de gestion de la performance visant à assurer la reddition de comptes par rapport à trois résultats considérés comme essentiels : accessibilité et amélioration de la qualité des services aux citoyens, utilisation judicieuse des deniers publics et respect de la transparence, de l’éthique et des saines valeurs de gestion.
  1. La modernisation de l’administration publique afin d’offrir des services de qualité aux usagers
  • Nous instaurerons la numérisation de l’administration en dématérialisant toutes les procédures administratives régulières ;
  • Nous réformerons le mode de recrutement des employés de l’administration publique en rendant le concours et l’appel à candidature systématique pour tout recrutement dans la fonction publique ;
  • Nous veillerons au respect d’un traitement équitable entre tous les employés de l’administration selon la hiérarchie et le corps en appliquant les conclusions sur l’étude de la rémunération ;
  • Nous mettrons en place un mécanisme de suivi- évaluation avec des indicateurs de performance pertinents ;
  • Nous mettrons en place une nouvelle politique de gestion de la performance visant à assurer la reddition de comptes par rapport à trois résultats considérés comme essentiels : accessibilité et amélioration de la qualité des services aux citoyens, utilisation judicieuse des deniers publics et respect de la transparence, de l’éthique et des saines valeurs de gestion.

Dans le domaine de l’éducation

  1. L’éducation des enfants et jeunes en situation de handicap : une priorité nationale
  • Nous construirons de nouveaux instituts spécialisés en vue d’assurer l’éducation à tous les enfants en situation de handicap ne pouvant pas fréquenter les établissements scolaires en milieu ordinaire. Sont ainsi concernés, certains handicapés moteurs sévères, les personnes aveugles ou malvoyantes, les déficients verbo-auditifs, mentaux, autistes etc. ;
  • Nous mettrons à l’échelle une éducation inclusive de qualité à travers un bon maillage territorial pour assurer ainsi aux enfants handicapés une éducation de proximité dans des établissements scolaires proches de leur domicile ;
  • Nous améliorerons l’environnement pédagogique (équipement, support didactique) et matériel et mettrons aux normes d’accessibilité toutes les infrastructures d’accueil des enfants handicapés ;
  • Nous appuierons, conformément à la loi d’orientation sociale, la création des imprimeries brailles, des bibliothèques sonores et institutions unifiant le langage des signes, pour permettre aux non-voyants, malvoyants et sourds d’exercer leur droit à l’éducation et à la formation.
  • Nous réformerons le système de délivrance des agréments et mettrons en place un système de suivi des établissements privés d’enseignement supérieur ;
  • Nous appuierons le développement de l’Université Numérique Cheikh Amidou Kane et le renforcement des plateformes de cours en ligne dans les autres universités publiques du Sénégal ;
  • Nous mettrons en place des universités technologiques en rapport avec les 8 pôles de développement économique.

Dans le domaine de la culture

  1. La valorisation du patrimoine national, de la création artistique et littéraire
  • Nous mettrons en place une économie de la culture qui boosterait les secteurs du cinéma, des arts plastiques, de la littérature, de la danse, etc.
  • Nous mettrons en place un fonds de soutien à la mobilité internationale des artistes pour permettre notamment aux talents émergents de se rendre dans des festivals, des biennales, des expositions, foires et salons en Afrique et dans le monde;
  • Nous soutiendrons efficacement les industries et les entreprises culturelles dans la création, la production, la diffusion et l’archivage des œuvres par la mise en place de mécanismes de financement et l’actualisation de ceux déjà existant : Fonds pour la Promotion de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (FOPICA), Fonds de Développement des Cultures Urbaines (FDCU), Fonds d’Aide à l’Edition, Fonds de soutien aux manifestations culturelles ;
  • Nous lancerons un grand programme en faveur de la création de contenus culturels numériques en mettant l’accent, par exemple, d’une part sur les arts graphiques, photographiques et cinématographiques, et d’autre part sur les musiques traditionnelles et modernes ;

Leviers de financement de l’action publique

  1. Économie numérique : nous encouragerons le développement de l’économie numérique pour stimuler l’innovation et la croissance en taxant de manière appropriée les transactions en ligne et les entreprises du secteur numérique.
  2. Innovation financière : nous explorerons des instruments financiers innovants tels que les obligations à impact social pour mobiliser des financements spécifiques. Nous mettrons en place des mécanismes de financement participatif pour certains projets.

Source : Projet pour un Sénégal souverain, juste et prospère

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