[DIGITAL Business Africa] – Des délégués de 36 pays africains sont attendus à Saint-Pétersbourg ce mois de décembre 2024 par le Centre Innopraktika et la Higher School of Economics University de la Russie. Ces deux institutions ont lancé un programme pour présenter les services numériques russes et les spécialistes informatiques russes aux décideurs publics africains.
Le projet est soutenu par le Centre Innopraktika, affilié à la Fondation nationale pour le développement intellectuel, dont la fille cadette du président russe Vladimir Poutine, Katerina Tikhonova, est la directrice générale.
Mathématicienne de formation, Tikhonova dirige le Centre Innopraktika, dont de nombreux médias évoquent des liens étroits avec le gouvernement russe. Avec sa sœur Maria Vorontsova, les deux filles de Vladimir Poutine avaient été sanctionnées par les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni en raison de la guerre en Ukraine.
Pour renforcer ses liens avec les pays africains et pour contrer les sanctions américaines et européennes liées à la guerre en Ukraine, la Russie semble donc miser sur son expertise numérique dans des domaines tels que la cybersécurité, les services publics et le vote électronique pour gagner en influence sur le continent africain.
Domaine visé : la numérisation des administrations publiques
Le programme d’échange de connaissances dans le domaine de la numérisation de l’administration publique développé par ce centre réunira donc des fonctionnaires et des hauts fonctionnaires des pays africains habilités à réglementer et à développer l’administration publique numérique.
AU programme, des conférences, des séminaires, des études de cas axées sur des problèmes et d’autres événements éducatifs et visites d’entreprises. Les participants discuteront aussi des aspects théoriques et réglementaires de la mise en œuvre de services et de solutions technologiques d’administration électronique.
Une attention particulière sera accordée aux sujets d’actualité pour les pays africains : la réglementation juridique, les infrastructures et la sécurité, les services électroniques pour la population et la formation d’un environnement urbain numérique.
C’est en août 2023 que ce projet avait été annoncé lors d’une table ronde intitulée “Transfert de compétences : échange d’expériences dans la numérisation de l’administration publique”. Principal orateur, Andrey Maslov, directeur du Centre d’études africaines et coordinateur du programme de l’Université HSE qui présentait ce programme d’échange de connaissances dans le domaine de la numérisation de l’administration publique.
La discussion était modérée par Anastasia Pavlenko, directrice exécutive adjointe et directrice des partenariats stratégiques chez Innopraktika. Elle avait souligné la position de leader de la Russie dans les classements internationaux du développement de l’administration électronique, due au haut niveau de développement des services numériques russes.
Anastasia Pavlenko avait également souligné l’importance de la création des systèmes gouvernementaux numériques indépendants dans les pays africains pour accroître la souveraineté et le potentiel important d’échange d’expériences et de connaissances entre la Russie et l’Afrique dans ce domaine.
Présent à cette rencontre, Souef Kamalidini, ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique des Comores, avait évoqué les avantages significatifs de la numérisation de l’administration publique pour les États, les citoyens et les entrepreneurs étrangers. Il avait par exemple déclaré que grâce à l’introduction des technologies numériques, les services douaniers des Comores ont triplé la vitesse de traitement du fret au cours des deux dernières années.
« L’expérience acquise en Fédération de Russie dans le développement des technologies de l’information et de la communication et dans le domaine de la numérisation de l’administration publique servira certainement de modèle et de bon exemple pour les Comores. Je pense que ce sera utile à tous les pays africains. Bien que les pays africains se situent à des niveaux de développement différents, la réalité est la même pour tous : des investissements sont nécessaires, des connaissances sont nécessaires », avait souligné M. Kamalidini.
Andrey Maslov, directeur exécutif adjoint d’Innopraktika, avait déclaré que ce projet était crucial en raison de la demande importante de numérisation des services publics et des taux de croissance élevés dans les pays africains. Pour lui, cette décision est considérée comme une manière pour Poutine de former une alliance avec l’Afrique pour contrer l’impact des sanctions américaines et européennes sur la guerre russe en Ukraine.
Il ajoutait qu’en démontrant sa maîtrise des solutions numériques dans un large spectre (cybersécurité, services publics et vote électronique), la Russie pouvait potentiellement s’imposer comme un formidable concurrent dans la rivalité géopolitique actuelle avec la Chine, les États-Unis et l’Union européenne pour l’influence en Afrique. .
Par B-O-D, Digital Business Africa. Crédit photo principale: ALAMY
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