« Si cette mesure n’est pas levée dans les jours qui suivent, un dossier sur cette violation gravissime et répétée de la liberté d’expression, un des droits fondamentaux, sera constitué en vue d’une plainte devant la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples, car trop c’est trop ! Si les armes et les forces de défense et de sécurité sont les instruments du pouvoir exécutif, les moyens de communication le sont tout autant pour le quatrième pouvoir et nous ne saurions davantage en être privés », menace-t-il.
Noubarassem Blaise indique que les précédentes dénonciations couplées à une action judiciaire avaient contribué à la levée de la mesure du gouvernement qui avait restreint l’usage de l’Internet durant une année. « Nous sommes réjouis et croyions que de telles choses ne sauraient se répéter, malheureusement, cette réjouissance ne fut que de courte durée », se désole-t-il.
Il y a quelques jours, Mahamat Zene Cherif, le ministre de la Communication, avait annoncé de nouvelles restrictions du service Internet. Il a indiqué que le débit des internautes tchadiens a été réduit pour éviter la propagation de “messages haineux” sur les réseaux sociaux. Il justifie sa décision par une recrudescence de la diffusion de messages d’incitation de haine et de division.
Dans la foulée, le ministre Mahamat Zene Cherif qui est par ailleurs porte-parole du gouvernement fait savoir que la restriction est en vigueur depuis le 22 juillet 2020. Ce qui explique les plaintes de plusieurs utilisateurs. Sur la durée de la restriction, le ministre se veut très évasif, en affirmant qu’il s’agit d’une “mesure temporaire” qui sera “levée d’un moment à l’autre“.
Seulement, selon des responsables des télécoms tchadiens cités par l’AFP affirment sous couvert d’anonymat que cette décision est liée à la diffusion d’une vidéo où un officier tchadien, lors d’une altercation avec des mécaniciens le 14 juillet, tire à bout portant sur deux d’entre eux avant d’être lui-même attaqué à l’arme blanche. Selon un communiqué du procureur de la République, “un des jeunes succomba des suites de ses blessures” tandis que l’officier, hospitalisé, “sera traduit en justice une fois guéri”.
Alors que les commentaires sont des plus critiques sur les réseaux sociaux, comme Facebook ou WhatsApp, où la vidéo continue de circuler, certains internautes critiquent le militaire, mais soulignent également qu’il est originaire de la même ethnie que le président Idriss Déby Itno, arrivé au pouvoir par les armes en 1990. En réponse, le président Deby a affirmé le 31 juillet à l’occasion des célébrations de l’Aïd al-Adha que “WhatsApp et VPN ne sont pas créés pour s’insulter, pour cultiver la déchirure du tissu national ou pour critiquer des ethnies“.
Noubarassem Blaise, lui pense qu’on ne devrait pas restreindre l’Internet pour tout le monde à cause de quelques personnes. « Si aujourd’hui, le gouvernement a constaté l’usage malveillant des réseaux sociaux par certaines personnes qui seraient à l’origine de cette mesure comme on nous le laisse entendre, nous pensons que ce sont des personnes facilement identifiables et traçables. Par conséquent, pourquoi ne pas ficher et bloquer ces personnes puisqu’elles ont des identifiants établis ? », suggère-t-il.
Ecrit par Jephté TCHEMEDIE