[Digital Business Africa] – Face à la problématique récurrente de la double identité au Cameroun, qui a empêché de nombreux citoyens d’obtenir leur carte nationale d’identité, le gouvernement a décidé de prendre des mesures palliatives. Suite aux nombreuses plaintes de citoyens se trouvant dans cette situation, le président Paul Biya a donné des instructions fermes pour résoudre le problème d’accès à la carte nationale d’identité en vue de densifier l’inscription sur les listes électorales et, par ricochet, pour une participation massive à la prochaine élection présidentielle.
« Je suis bien conscient que certains de nos compatriotes continuent d’éprouver des difficultés pour s’inscrire sur les listes électorales, en raison du défaut de cartes nationales d’identité. Nombre d’entre eux se trouvent également, de leur propre fait, en situation de double identité. J’ai ordonné les mesures nécessaires pour faire face à cette situation qui devrait être rapidement réglée », a déclaré le président Paul Biya dans son message à la nation le 31 décembre 2024.
Pourquoi la double identité ?
L’une des principales causes de la double identité au Cameroun est la modification de l’âge et de la date de naissance. Ce phénomène est souvent motivé par le désir d’accéder à des services ou des opportunités réservés à certaines tranches d’âge, comme l’emploi, les études ou les voyages. Cette pratique illégale est facilitée par des faiblesses dans le système d’enregistrement des naissances et par l’action d’intermédiaires qui proposent leurs services pour falsifier les actes de naissance. Conséquence, bon nombre de Camerounais qui se sont lancés dans ce jeu ont des problèmes d’obtention de la carte nationale d’identité, car le système de CNI en place indique que le demandeur a déjà une autre identité enregistrée avec des informations différentes. Le dossier est donc bloqué et le demandeur n’obtient pas de CNI malgré sa demande.
Un enjeu de souveraineté nationale
La double identité est un problème complexe qui a des conséquences multiples :
* Insécurité : elle facilite la fraude documentaire et l’usurpation d’identité.
* Exclusion sociale : de nombreux citoyens sont privés de leurs droits fondamentaux en raison de l’absence de pièce d’identité valide.
* Sous-développement : elle entrave le développement économique en rendant difficiles les opérations bancaires, les transactions commerciales et l’accès aux crédits.
En s’attaquant à ce problème de fond, le gouvernement camerounais démontre sa volonté de faire participer le plus grand nombre de Camerounais à la prochaine élection présidentielle. Mais aussi sa volonté de garantir à tous les citoyens l’égalité des droits. La situation de ceux-ci va bientôt évoluer.
Les prochaines étapes
À la suite de la déclaration du président Paul Biya, le délégué général à la sûreté nationale, Martin Mbarga Nguelé, a publié un communiqué ce 10 janvier 2025 invitant les citoyens camerounais en situation de double identité à se rapprocher des délégations régionales de la Sûreté nationale pour régulariser leur situation.
Selon le DGSN, le gouvernement a mis en place un dispositif d’accompagnement pour faciliter les démarches administratives.
« Le délégué général à la Sûreté nationale invite tous les citoyens camerounais en situation de double identité ou ayant d’autres difficultés avec leur filiation pour obtenir leurs cartes nationales d’identité à déposer dès ce jour leurs requêtes assorties de leurs coordonnées (numéro de téléphone, adresse e-mail, boîte postale, etc.) auprès de l’une des dix délégations régionales de la Sûreté nationale, en vue du traitement de leur cas.
Les intéressés peuvent aussi consulter le site web de la Délégation générale à la sûreté nationale à l’adresse www.dgsn.cm, ou suivre les tranches d’antenne du Poste national de la CRTV réservées à la sûreté nationale, pour toutes les informations complémentaires relatives à cette opération », écrit Martin Mbarga Nguelé.
Il faut relever qu’un nouveau système d’identification moderne et plus sécurisé est en cours d’implémentation au Cameroun avec les partenaires allemands d’Augentic qui réalisent déjà le passeport camerounais. Le DGSN avait annoncé en mai 2024 que dès décembre 2024, les Camerounais pourraient obtenir leur CNI en deux jours maximum.
C’était lors de la signature du contrat y relatif le 13 mai 2024 à Yaoundé, entre la Délégation générale à la Sûreté nationale représentée par Martin Mbarga Nguele pour la partie camerounaise et par l’entreprise allemande Augentic GmbH, représentée par son directeur général, Labinot Carreti.
Toutefois, à ce jour, les travaux ne sont pas terminés et le délai de 48 h pour la délivrance de la CNI n’est pas encore effectif.
Dans la foulée, une ordonnance du président de la République, SE Paul Biya, modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°2023/019 du 19 décembre 2023 portant loi de finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2024, a été signée le 20 juin 2024. L’article 549 de ce texte présidentiel prévoit que le timbre passe de 2800 FCFA à 10 000 FCFA pour les CNI. Extraits de cet article :
« Article 549 – Les cartes d’identité délivrées aux personnes de nationalité camerounaise, les cartes de séjour et de résident délivrées aux personnes de nationalité étrangère sont soumises aux droits de timbre ci-après : 1 ) Cartes nationales d’identité : 10 000 F CFA. (…) »
Désormais donc, au lieu de 7 000 ou 8 000 F.CFA, le Camerounais devrait débourser au minimum 15 500 F.CFA pour obtenir sa CNI. Soit 10 000 F CFA pour le timbre, 3 500 F CFA pour le certificat de nationalité et 2 000 F CFA pour la copie certifiée de l’acte de naissance.
Toute chose n’étant pas de nature à réjouir les Camerounais. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes avaient exprimé leur désapprobation sur cette augmentation des tarifs.
Avec la nouvelle orientation visant à intégrer ceux qui sont en situation de double identité, de nombreux Camerounais seront sans doute contents. Qu’importe le prix s’ils sont en situation de double identité…
Par B-O.D, Digital Business Africa